La start-up camerounaise Will&Brothers est une des pionnières du développement du drone dans son pays. Elle planche actuellement sur la mise au point d’un drone 100% local.
Au Rwanda, des drones s’envolent déjà de Kigali, portant en leur sein des poches de sang qui sont livrées 30 minutes plus tard dans le centre de soin du pays qui en a fait la demande. Au Malawi, d’autres engins du même type, propulsés par énergie solaire cette fois, se rendent dans les régions rurales, où ils transportent des tests de dépistage du VIH, surtout destinés aux nourrissons. En Côte-d’Ivoire, des drones géolocalisent et cartographient les plantations de cacao, palliant les lacunes d’un cadastre inexistant…
On le voit, l’utilisation de cette technologie à des fins utilitaires, loin des drones militaires, est en plein essor dans certains pays d’Afrique. C’est aussi le cas au Cameroun où un jeune entrepreneur, William Elong, diplômé de l’École de guerre économique de Paris, a fondé la start-up Will&Brothers et mis sur pied le programme DroneAfrica en 2015. Il n’avait à l’époque que 22 ans.
Deux ans plus tard, Will&Brothers se prévaut d’un certain succès, avec une levée de fonds de 200 000 dollars, 22 employés au Cameroun, en France, en Allemagne et aux États-Unis. Surtout, la jeune société entend mettre sur le marché d’ici quelques mois un premier drone made in Cameroun.
DroneAfrica, le nom donné à ce programme au sein de la société, doit permettre de proposer des services en matière de sécurité, d’agriculture ou encore de cartographie.
Des coûts encore élevés
« Au départ, les fonds n’étaient pas suffisants pour créer des drones », explique Yves Tamu, le directeur technique de la petite société qui ne comptait jadis que quatre employés.
C’est la raison pour laquelle, les entrepreneurs font d’abord avec l’existant. Ils achètent des drones et testent leurs applications possibles au Cameroun, dans un premier temps, « sur des problèmes de cartographie », précise William Elong, désormais PDG de Will&Brothers.
La demande ne se fait pas attendre : la société aide actuellement les services de cartographie de la ville de Douala, capitale économique du pays, à actualiser les plans de la ville, lacunaires. Des exploitants ou des institutions font aussi appel à eux pour étudier la topologie de leurs champs ou prévenir des infections parasitaires.
Néanmoins, les coûts limitent la portée des différentes utilisations possibles des drones. En matière d’agriculture de précision par exemple, l’entreprise collabore avec le Centre de recherches sur l’agriculture, lui-même en relation avec des exploitants. « Un agriculteur lambda n’a pas forcement les moyens » reconnaît Yves Tamu.
Un prototype bientôt prêt
Aujourd’hui, DroneAfrica entend bientôt mettre à exécution l’objectif poursuivi depuis son commencement : produire un drone made in Cameroun. Si les fondateurs de la société restent discrets sur le calendrier et les modalités de ce projet, ils assurent que leur prototype sera bientôt prêt. Et qu’un petit bataillon de techniciens, designers, spécialistes en robotique et photographes veillent au grain.
Des ambitions que la levée de fonds de 200 000 dollars réalisée en 2015 devrait permettre d’atteindre. Cela dit, « le but n’est pas de rester au Cameroun », explique le directeur technique.
L’entreprise dépasse d’ailleurs déjà les frontières du pays avec des collaborateurs en Europe et aux Etats-Unis, elle a aussi des clients dans d’autres États africains que le Cameroun.
Avec jeuneafrique