Stanislas et Jeanne Zézé sont des entrepreneurs aguerris. A la tête de plusieurs entreprises dont la société de notation financière ivoirienne Bloomfield Investments Corporation, ce couple de financiers, devenu un modèle à suivre pour les « millennials » de Côte d’Ivoire et d’ailleurs, a bâti son succès sur le travail. Portrait.
« Derrière chaque grand homme se cache une grande dame », dit l’adage. Mais pour le cas de Jeanne et Stanislas Zézé, on devrait dire : « A côté d’un grand homme chemine une grande dame ».
Il y a d’abord Stanislas. Pur produit de l’école américaine, il est diplômé de l’Institut des sciences politiques et économiques et de l’Ecole d’administration de l’Université du Michigan en Masters of Public Administration spécialité gestion de risques financiers et planification stratégique en développement économique. C’est également au pays de l’Oncle Sam qu’il construit une bonne partie de son curriculum vitae. On y remarque notamment son passage à Washington chez la Banque mondiale en qualité de senior risk analyst ou chez la National Bank of Detroit en tant que directeur du risque Pme & Pmi.
Aux côtés de Stan, Jeanne
De retour en Afrique en 2001, ce financier aguerri rejoint la Banque africaine de développement (BAD) en tant que senior country credit risk analyst. Il mettra ensuite son expertise au service de Shell Oil Products Africa en tant que directeur régional crédit Afrique de l’Ouest et du centre, avant de fonder en octobre 2008 Bloomfield Investment Corporation, une agence de notation financière basée à Abidjan et spécialisée dans l’évaluation du risque crédit.
Si ces dernières années, Stanislas a été le plus présent sur les unes des magazines et les plateaux de télévisions, en sa qualité de PDG de Bloomfield, une autre actrice -et pas des moindres- occupe une place de choix dans la concrétisation et le développement de ce projet. Son épouse : Jeanne Sissoko-Zézé. « Jeanne a toujours été dans l’aventure en qualité de conseiller et d’actionnaire », confie-t-il dans un entretien avec La Tribune Afrique, soulignant que c’est avec « le soutien et la participation » de sa femme qu’il a démissionné en 2007 de son poste chez Shell Oil Africa pour créer Bloomfield.
Démocratiser la notation financière, pari ”relevé”
Ingénieur financier diplômée de l’Institut nationale polytechnique Félix Houphouet-Boigny de Yamoussoukro -l’une des écoles les plus prestigieuses de Côte d’Ivoire-, Jeanne a, pendant près d’une dizaine d’années, exercé comme spécialiste des marchés financiers chez la filiale ivoirienne de Standard Chartered Bank. Aux côtés de son époux, elle a été au four et au moulin pour la création de Bloomfield dont elle est actionnaire et administrateur.
« Nous avons toujours eu quelque chose en commun : un profond désir de sortir des sentiers battus », confie la jeune dame. Et pour elle, l’entrepreneuriat en était la « meilleure » voie.
Cette année, Bloomfield Investment Corporation fête ses dix ans. Ses patrons estiment le bilan « plus que satisfaisant ». Le parcours n’a pourtant pas été aisé. Mais en véritables durs à cuire, Stanislas et Jeanne sont arrivés par « la foi et le travail » à transformer les obstacles en opportunités.
« Nous étions les seuls à croire à cette aventure qui semblait folle et risquée du point de vu des autres. Nous nous sommes battus, avons travaillé d’arrache pieds, mis en place une stratégie de communication et de développement dans l’optique de convaincre les régulateurs et le marché du bien-fondé de la notation financière pour notre marché financier. En 2009 nous avons réussi l’étape de la régulation car le CREPM a mis en place un texte rendant la notation financière obligatoire pour le marché boursier. Tout est ensuite parti de là », raconte Stanislas.
Au cours de ces cinq dernières années en effet, le chiffre d’affaires de Bloomfield a progressé de 100% et son portefeuille client est passé de 30 entités en 2013 à 100 entités en 2017 parmi lesquels de grandes institutions ou entreprises publiques, semi-publiques ou privées. L’agence compte également parmi ses clients l’Etat ivoirien dont il a délivré, en octobre 2016, la première notation souveraine en Fcfa. En plus de son agrément à l’UEMOA, Bloomfield a été agréée comme agence de notation financière au Rwanda et au Cameroun, les deux pays qui abritent ses bureaux régionaux respectivement d’Afrique de l’Est et d’Afrique Centrale.
« Je pense que nous avons réussi notre pari de démocratiser la notation financière et d’en faire une seconde nature pour les acteurs économiques, financiers, politiques et administratifs », estime le PDG de Bloomfield Investment Corporation.
Extension des cordages
Aujourd’hui, Bloomfield constitue tout un groupe investi notamment dans la notation financière, la formation aux entreprises ou encore l’immobilier avec sa filiale Blueprint dont Stanislas est PCA et Jeanne, directrice générale. Lancée en 2016, l’entreprise finalise actuellement un immeuble haut standing au bord de la mer à Bassam -une ville balnéaire située à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan- et démarre la construction d’un autre immeuble à Assinie, une station balnéaire au sud-est de la Côte d’Ivoire. « Nous voulons révolutionner l’immobilier en Côte d’Ivoire avec des constructions alliant luxe, raffinement et sophistication », confie la promotrice.
Forte de toutes ces expériences, Jeanne s’est lancée dans le personal et corporate branding avec Reflet Consulting, une société qu’elle a fondé en juin 2016 à Abidjan après une formation spécialisée à la London Image Institute. L’entrepreneure entend développer « un domaine peu connu en Afrique francophone », afin d’outiller les entreprises africaines pour qu’elles deviennent « des leaders de leur secteur d’activité grâce à un positionnement unique et une solide marque d’entreprise intégrée dans tous les aspects de leur business ». Selon elle, le concept est très bien accueilli, surtout parmi les entreprises évoluant dans des environnements très concurrentiels.
La famille « avant tout »
Au quotidien, le couple de managers fait avancer ses affaires en portant un regard critique constructif sur le travail de l’un et l’autre. « Jeanne est mon plus grand challengeur pendant les conseils d’administrations », affirme Stanislas. « Comme tout homme qui se respecte, Stan ne prend pas toujours très bien mon rôle de challengeuse, renchérit Jeanne. Mais il finit le plus souvent par suivre mes recommandations et il se rend compte que la plupart du temps mon sixième sens ne me trompe pas ».
Bien que les affaires les occupent énormément, ces parents de deux enfants font passer la famille « avant tout ». Leur recette : rentrer assez tôt les soirs, des activités le week-end, planifier les missions de telles sorte que l’un d’eux reste toujours avec les enfants et, surtout « le moment sacré », bloquer un mois plein de vacances familiales chaque été. A côté, Stanislas et Jeanne, qui retiennent Bloomfield comme leur « plus belle expérience » commune, tentent de transmettre à la jeune génération leur passion pour la finance. Très sollicités, ils sillonnent régulièrement -individuellement ou en couple- forums et conférences pour partager leurs expériences d’entrepreneurs, de managers et de financiers.
Avec latribuneafrique