Le président soudanais Omar el-Béchir annonçait le 7 septembre 2016 que la paix était revenue au Darfour. C’était à l’occasion d’une rencontre à el-Facher, la capitale de l’Etat du Darfour-Nord, avec ses homologues du Tchad, Idriss Deby, et du Qatar, l’émir Tamim Ben Hamad al-Thani. « Nous déclarons à toutes les personnes au Darfour et au Soudan […] avoir rempli nos engagements », disait alors le Soudanais. Amnesty international publie ce jeudi 29 septembre 2016 un rapport sur l’utilisation par Khartoum d’armes chimiques dans la région du Jebel Marra, dans l’ouest du Darfour.
Le 7 septembre 2016, Omar el-Béchir osait ce constat : « Le Darfour va mieux aujourd’hui qu’hier. Et il ira encore mieux demain. » Amnesty international a enquêté : une trentaine d’attaques à l’arme chimique ont été menées dans le Jebel Marra depuis janvier 2016. La dernière attaque date du 9 septembre. Les forces gouvernementales bombardent les villages sous prétexte de lutter contre l’Armée du Soudan Abdul Wahid.
Amnesty a utilisé l’image satellite et a contacté des témoins, des rescapés de ce huis clos – car la région est bouclée, interdite à tout regard étranger. Yves Prigent, responsable du programme Responsabilités des entreprises et des Etats au sein de l’organisation internationale, parle d’une « exclusion de toute présence étrangère », d’une « interdiction d’accès à cette région-là ».
L’objectif, dit-il, « sous couvert de lutte contre les factions rebelles du FLA Abdul Wahid », c’est de « procéder à des attaques, des destructions massives de villages. Environ 170 villages ont été concernés par ces attaques-là depuis le début de l’année. » Et de dénoncer : « Tous les moyens sont visiblement employés, de l’utilisation de moyens conventionnels à des bombardements utilisant des armes chimiques. »
Amnesty a soumis tous les documents recueillis – images, témoignages – à deux experts indépendants des armes chimiques. Leur conclusion est bien celle-ci : présence d’agents comme le gaz moutarde ou ses terribles variantes. « L’armée soudanaise franchit un pas dans l’ignominie », écrit Amnesty, qui exhorte aujourd’hui les Nations unies à mener, elle aussi, son enquête.
avec rfi