Bien que la Bourse américaine se maintienne près de son sommet historique, l’appréhension d’une correction importante semble de plus en plus présente chez les investisseurs. Ont-ils raison? Ou quittent-ils le marché new-yorkais trop tôt?
Dans un rapport de recherche qu’ils viennent tout juste de publier, les analystes de Bank of America Merrill Lynch, en mesurant les entrées et les sorties des fonds communs de placement, concluent que les investisseurs fuient le marché boursier américain à une vitesse que l’on avait pas vu depuis 2004.
En effet, la semaine dernière, les retraits ont excédé les entrées dans les fonds d’actions américaines pour une dixième semaine consécutive, ce qui ne s’était pas vu depuis plus d’une décennie. Les sorties nettes ont totalisé 30 milliards de dollars américains durant cette période. Cela s’est produit bien que l’indice S&P 500 touchait un sommet historique le 8 août.
Mais s’ils s’éloignent des actions américaines, les investisseurs n’abandonnent pas pour autant les marchés boursiers. Les fonds d’actions européennes, japonaises et des marchés émergents ont connu pour leur part des entrées de 36 milliards au cours de la même période.
Il est à noter que le déplacement des fonds d’actions américaines vers les fonds européens a coïncidé avec la poussée de l’euro à partir de la fin-juin, notent les analystes de Bank of America Merrill Lynch.
En août, l’euro atteignait son plus haut niveau depuis un an comparativement au dollar américain. Pas étonnant dans ce contexte que les actions européennes offrent aux investisseurs un attrait certain.
Plusieurs raisons peuvent justifier de vendre les actions américaines, explique Ismaël Chiadmi, vice-président principal Gestionnaire, risque et produits quantitatifs chez Montrusco Bolton.
Il cite entre autres la saisonnalité, septembre et octobre étant des mois généralement difficiles en Bourse. Puis, il y a le fait que la Réserve fédérale s’apprête à réduire son bilan ce qui équivaut à un resserrement de la politique monétaire. Enfin, les facteurs géopolitiques liés à la situation chaotique qui règne à Washington.
« Ce contexte justifie certainement de revoir l’allocation géographique de ses investissements boursiers, »
dit M. Chiadmi.
De plus, l’indice VIX qui se maintient autour de 10 depuis un bon moment suggère un niveau de complaisance élevé envers le S&P 500. Ce pourrait être le prélude d’une correction rapide et importante. «N’oublions pas que la Bourse monte par l’escalier, mais descend généralement par l’ascenseur», ironise le gestionnaire.
Malgré ces chiffres, on ne doit pas s’en faire outre mesure pour la Bourse américaine, croit Stéphane Rochon, directeur de la recherche chez BMO Nesbitt Burns. Ces données concernant les entrées et les sorties des fonds communs de placement sont généralement volatiles et peuvent s’inverser rapidement, selon lui. Il importe aussi de tenir compte des fonds négociés en Bourse. «De plus en plus, l’argent se déplace vers les fonds négociés en Bourse», ajoute-t-il.
Pour l’investisseur canadien, le moment est propice d’investir à la Bourse américaine compte tenu que le dollar canadien se situe à plus de 0,80$US, croit Stéphane Rochon. «Grâce à la remontée du huard, il est encore temps d’acheter les titres américains de meilleure qualité, surtout dans les secteurs de la technologie et de la santé.»
Autre facteur qui atténue les craintes, l’évaluation du S&P 500 demeure raisonnable, selon Jack Ablin, chef des investissements à la BMO. «Le marché boursier peut sembler cher sur une base des ratios traditionnels tel le cours/bénéfices ou celui du cours sur les ventes», admet-il. «Mais en comparaison aux obligations, on voit que la Bourse américaine demeure bon marché.»
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