Depuis la fondation de Saint-Pétersbourg, capitale culturelle de la Russie, il y a plus de 300 ans, de nombreuses personnalités importantes, des monarques aux poètes, ont voyagé entre ces deux centres de pouvoir. Sans surprise, les premières routes pavées du pays furent construites entre Moscou et Saint-Pétersbourg, et la première ligne de fer importante fut celle qui relia les deux villes.
L’auteur Alexandre Radichtchev fut emprisonné pour avoir écrit Voyage de Saint-Pétersbourg à Moscou (1790), et presque exécuté par Catherine II pour avoir rédigé ce carnet de voyage. Au bout du compte, l’impératrice lui épargna la mort et il fut exilé en Sibérie.
De nos jours, il existe différents moyens de voyager de Moscou à Saint-Pétersbourg (des trains à grande vitesse, trains de nuit ou avion), mais vous pouvez aussi vous lancer dans un incroyable et singulier périple entre ces deux villes qui accueilleront la Coupe du Monde de la FIFA 2018™.
Kline
Après avoir conduit environ une heure sur l’autoroute M-11, vous arriverez dans une petite ville marchande de la période tsariste, Kline, qui se dresse encore aujourd’hui dans la région de Moscou. Juste à l’entrée de la ville, vous verrez le domaine Demianovo. En 1785, Catherine II et son petit-fils, le futur tsar Alexandre Ier, y résidèrent. Presque 16 ans plus tard, le poète Alexandre Pouchkine en fut également l’hôte.
Monument à Piotr Tchaïkovski à Kline.
Ruslan Krivobok
Le compositeur Piotr Tchaïkovski passa les dernières années de sa vie à Kline, c’est pourquoi vous pourrez y voir des monuments à son effigie et des plaques commémoratives. Sa maison a été transformée en un musée consacré à sa vie et son œuvre, et l’on raconte qu’il a composé son fameux Casse-Noisette ici.
En 1659, Ivan le Terrible lança une campagne pour punir la cité rebelle de Novgorod, et puisque Kline se trouvait sur sa route, elle fut quasiment réduite en cendres par les cruelles troupes de choc connues sous le nom d’opritchnikis. La première église de pierre de Kline, l’église de la Réconciliation, fut bâtie peu de temps après cette tragédie et est toujours debout.
Tver
Une heure et demie plus loin vous atteindrez Tver. Cette ville fut autrefois une riche et puissante rivale de Moscou. Située à la confluence de la Volga et de la Tversta, Tver était en effet une prospère cité marchande. Aujourd’hui elle apparaît plutôt comme une ville provinciale moyenne.
En été, prenez un bateau pour faire le tour de la Volga. Cette balade d’une heure vous permettra de voir la ville dans son ensemble, dont le palais de voyage impérial de Catherine II, récemment rénové et accueillant désormais une galerie des beaux-arts. D’autres lieux sont à visiter, tels que l’immense usine de production de wagons et les pittoresques berges de la Volga.
Faites également un détour par la rue piétonne de Trekhsviatskaïa, et saluez Pouchkine, Athanase Nikitine, et Vladimir Lénine, tout en achetant un petit en-cas.
Torjok
Non loin de Tver, se situe la petite ville charmante de Torjok où vous pourrez trouver un large choix d’activités.
Dans le monde de la gastronomie, cette vieille ville marchande est réputée pour ses croquettes Pojarski, que célébra même Pouchkine : « Fais une pause pour déjeuner à Torjok, chez Pojarski. Goûte-y les croquettes frites et reprends la route, léger ». Aujourd’hui, vous pouvez en commander dans presque tous les restaurants, et tout particulièrement près du musée consacré au poète. Au passage, les jardins du musée offrent la meilleure vue en hauteur sur la ville.
En-dehors des affaires mondaines, Torjok était un influent centre religieux, avec son monastère des Saints-Boris-et-Gleb, situé sur une rive abrupte de la Tversta.
Des siècles auparavant, un moine du coin présenta à la princesse Olga de Kiev la tradition locale : la broderie d’or. Au musée qui y est consacré, vous pourrez apprendre comment les maîtres de Torjok embellissaient les vêtements et accessoires avec du fil d’or.
Vychni Volotchek
Une heure supplémentaire et vous voilà dans la « Venise russe » ! Vous vous demandez peut-être pourquoi ce surnom présomptueux ? Vychni Volotchek est une ville ancienne de marchands, située au sein d’un vaste système de canaux. Avant le XIXe siècle, la voie d’eau de Vychni Volotchek connectait Saint-Pétersbourg à la Russie centrale et les canaux étaient empruntés par des cargos transportant toutes sortes de marchandises, de la nourriture aux matériaux de construction.
Monument à Ilya Répine
Peggy Lohse
En ce qui concerne son apport à la culture russe, Vychni Volotchek fut le lieu d’inspiration de fameux artistes, tels qu’Ilia Répine, Isaac Levitan ou Arkhip Kouindjï. Les artistes contemporains continuent de s’y rendre pour développer leur force de création à la Dacha académique de l’union des artistes russes. Le grand Répine écrivit un jour à son propos : « n’est-ce pas une terre promise pour un peintre paysagiste ? C’est l’essence de la Russie, son âme et sa beauté… elle est comme une chanson ! ».
Un coup de froid une fois la nuit tombée ? Pas de problème. La manufacture originale de Valenki, son joli musée et son magasin sont ouverts presque 24 heures sur 24. Vous pourrez y trouver d’authentiques et fiables bottes russes en feutre. Apprenez-en plus sur Vychni Volotchek et ses environs ici.
Valdaï
« Ding, dang, dong… » – c’est ainsi que Valdaï accueille ses visiteurs. En 1910, Georgui Andreïev fonda ici une fabrique de cloches, où étaient produites tant celles des églises, que celles des lieux séculiers. Pourquoi ici ? Car dans cette région, pendant des siècles, les luges et traineaux avaient l’habitude de sonner une petite cloche pour se signaler et éviter les accidents. Plus tard, les militaires commencèrent eux aussi à utiliser ces signaux, et ils furent interdits pour les transports civils.
Monastère d’Iveron à Valdaï
Legion Media
Promenez-vous dans le petit parc du palais et tentez de deviner quelle tsarine russe fonda Valdaï et y fit construire cette magnifique propriété. Catherine II bien évidemment ! Elle avait en fait pour habitude de construire de « petites » maisons de voyage dans à peu près toutes les villes importantes, afin de s’y reposer pendant ses longs périples.
Sur le petit chemin circulaire du parc, vous trouverez le musée de la cloche où vous pourrez vous familiariser avec leur histoire et apprendre comment actionner le grand ensemble de cloches au sommet des clochers de l’église.
En quittant la ville pour Novgorod, arrêtez-vous au pittoresque monastère d’Iveron, situé au milieu d’une sombre forêt, à côté d’un vaste lac. Fondé au XVIIe siècle par le patriarche Nikon, qui faisait chemin vers les îles Solovetski, au nord, le monastère offre une chance de profiter de la nature, le calme et la solitude. La cuisine du monastère nourrit ses visiteurs d’ivan tchaï, de sbiten et d’autres gâteaux, cakes, et plus encore. Plus d’informations sur Valdaï et ses environs ici.
Novgorod
Vous êtes à présent arrivés à la dernière étape avant d’atteindre Saint-Pétersbourg, et vous pouvez vous réhabituer aux grandes villes. À Novgorod, aussi appelée Novgorod la Grande (Veliki Novgorod), vous pourrez marcher le long des imposantes murailles du kremlin, ou vous baigner dans la grande rivière Volkhov. Le kremlin local, ou Detinets, est le plus vieux de Russie ayant survécu jusqu’à nos jours.
Le kremlin le plus ancien du pays
Legion Media
Visitez l’extraordinaire galerie d’État et le musée régional situés dans son enceinte, et essayez de dénicher un bon restaurant local, servant de la cuisine russe traditionnelle. Ensuite, faites un détour par le village en bois de Vitoslavitski, qui accueille parfois des festivals de culture nationale.
Près de ce petit village, se trouve son musée en plein air consacré à l’architecture russe en bois, vous pourrez aussi jeter un coup d’œil au célèbre monastère Saint-Georges de Iouriev. Fondé en 1030 par Iaroslavl le Sage, il est l’un des monastères les plus vieux de Russie.
Et ensuite ? Dans quelques 200 kilomètres, vous apercevrez l’un des plus grands palais d’été de la Russie impériale, et dans deux ou trois heures, vous reviendrez à la civilisation – dans la délicieuse Saint-Pétersbourg.