Le nouveau président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio (photo), a lancé, en fin de semaine dernière, un appel à l’aide internationale pour sortir son pays de la crise économique. Imputant cette crise à une énorme dette contractée par son prédécesseur Ernest Bai Koroma, ainsi qu’à une économie peu performante.
S’exprimant à l’occasion d’une réunion avec le Fonds monétaire international (FMI), à Freetown, Julius Maada Bio a déclaré qu’il avait hérité d’un pays se trouvant dans la pire situation économique depuis l’indépendance en 1961. Une situation aggravée par les accords signés par son prédécesseur, à la veille de l’élection présidentielle qui s’est tenue au mois de mars dernier.
« L’évaluation initiale par l’équipe de transition de la gouvernance révèle que mon administration sera confrontée à la pire situation économique depuis l’indépendance », a déclaré le président sierra-léonais. « Avec la signature de nouveaux accords à la veille des élections, la Sierra Leone est déjà dans une crise de la dette, que nous devons urgemment résoudre en collaboration avec nos partenaires au développement », a-t-il ajouté.
L’évaluation initiale effectuée par le nouveau gouvernement sur l’état de l’économie a révélé que la dette extérieure de la Sierra Leone s’élève à 2 milliards $, tandis que la dette intérieure s’élève à 600 millions $.
A noter que cette réunion, qui s’est tenue à la Présidence de la République de Sierra Leone, marque la reprise des discussions entre les autorités du pays et le FMI sur le programme économique et financier, appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC). Celles-ci avaient été interrompues suite à des désaccords entre l’institution de Bretton Woods et l’ancien gouvernement sur la mise en œuvre de ce programme, peu avant le vote du premier tour de la présidentielle du 7 mars 2018.
Pour rappel, le FMI a approuvé en juin 2017, un programme économique et financier triennal appuyé par la FEC, au profit de la Sierra Leone. D’un montant total estimé à 224,2 millions $ au moment de l’approbation, cet accord avait permis le décaissement immédiat de 54,3 millions $, au profit du pays.
Ce programme a essentiellement pour objectifs : de fournir un espace de financement à court terme pour financer les dépenses urgentes ; d’apporter une forte contribution à la réduction de la pauvreté et de soutenir un ensemble de réformes structurelles à moyen terme, axées essentiellement sur la mobilisation des revenus domestiques, l’assainissement des finances publiques et la réforme du secteur financier.
Ainsi, à l’issue de la première revue de ce programme, effectuée en septembre 2017, les équipes du FMI ont estimé que l’économie de la Sierra Leone devrait ralentir à 5,6% en 2017, contre 6,3% en 2016, principalement en raison de la réduction des activités dans le secteur non minier. L’inflation ayant atteint 18% en août 2017.
« Par ailleurs, le budget du gouvernement pour 2017 devra, en outre, couvrir les recettes moins élevées que prévu et un déficit des recettes des donateurs. Le déficit du compte courant devrait s’élargir à 21,5% du PIB », faisait remarquer l’institution.
Ajoutant que, « aller de l’avant, atténuer l’impact des inondations et des coulées de boue qui ont eu lieu à Freetown à la mi-août et qui ont causé la mort de centaines de personnes et le déplacement de milliers de personnes, sera un objectif majeur de la politique gouvernementale ».