Les signataires de l’accord de Paris préparent un réchauffement climatique de 2,7 ° à +3,2 ° dès 2030, au lieu de limiter la hausse du thermomètre à 1,5 ° voire 2 ° en 2050.
À l’approche de la COP24 en Pologne, seuls 16 des 197 signataires de l’accord de Paris ont défini un plan d’action climatique qui permette d’honorer leur engagement.
Sur 197 États signataires, ils ne sont que 16 à faire ce qu’il faut pour respecter l’accord de Paris : l’Algérie, le Canada, le Costa Rica, l’Éthiopie, le Guatemala, l’Indonésie, le Japon, la Macédoine, la Malaisie, le Monténégro, la Norvège, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pérou, Samoa, Singapour et Tonga.
« Notre analyse révèle que les pays sont à la traîne pour la transcription de leur INDC [contributions nationales, soit leurs engagements climatiques] dans le droit et les politiques nationales », selon un rapport publié le 29 octobre.
L’application de l’accord de Paris dépend de la transposition des engagements des INDC, qui permettrait de les transformer en objectifs nationaux quantifiés et mesurables. Les organismes qui ont collaboré pour l’élaboration du rapport ont cependant trouvé que cette transposition dans le droit et les politiques nationales n’était pas cohérente avec les promesses des États. Sans changement de trajectoire, le respect de l’accord de Paris et de ses objectifs semble donc improbable, soulignent les auteurs du rapport.
L’étude a été publiée par plusieurs centres de recherche sur le climat, et le World Resources Institute (WRI).
Elle compare les objectifs quantifiés définis dans les INDC des différents pays signataires et leur traduction effective en lois et objectifs nationaux, afin de mettre en évidence le degré de cohérence entre ces deux sources, à la fois en termes de calendrier, de définitions et d’ambitions.
« Il existe déjà un écart entre les objectifs de l’accord de Paris et les INDC. Les pays devraient donc renforcer l’ambition et la transparence des objectifs actuellement exprimés dans leurs lois et politiques nationales », estime le rapport.
Joindre l’acte à la parole
Le document rappelle l’enjeu des objectifs nationaux : que les engagements des pays en faveur du climat ne se limitent pas à des paroles en l’air.
À l’heure actuelle, l’écart entre les émissions mondiales projetées en 2030 et les émissions compatibles avec les objectifs de Paris reste important. L’accord de Paris a pour but de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C, par rapport aux niveaux préindustriels, et si possible de la limiter à 1,5°C. Or, les INDC actuelles devraient avoir pour effet un réchauffement planétaire entre 2,7 et 3,7°C d’ici 2030.
Le rapport indique que 20 des pays signataires de l’accord ne prévoient même pas d’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans leurs plans d’action nationaux.
« Seuls 58 des signataires ont fixé des objectifs de réduction des émissions pour l’ensemble de l’économie dans leurs lois ou politiques nationales, et seulement 16 d’entre eux sont aussi ambitieuses ou plus ambitieuses que les engagements pris dans leurs CPDN », soulignent les auteurs du rapport.
Celui-ci est publié quelques semaines après la publication d’un rapport historique du GIEC démontrant qu’il est encore possible de limiter l’augmentation moyenne de la température mondiale à 1,5°C, moyennant des efforts transitions inédits dans tous les secteurs de la société.
Atteindre cet objectif nécessitera également l’engagement des acteurs non étatiques et l’intégration de l’action climatique dans des politiques publiques et des cadres de développement plus larges.
Publié cinq semaines avant la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP24, qui aura lieu du 2 au 14 décembre dans la ville polonaise de Katowice, le rapport résume les enjeux : le suivi des progrès internationaux.
Si les objectifs de protection du climat sont définis au niveau national, les négociateurs devront se mettre d’accord sur un ensemble de règles communes et contraignantes qui permettront aux pays de comparer et mesurer les objectifs et progrès de chacun.
« Dans de nombreux cas, les données disponibles ne permettent pas de vérifier la cohérence entre les objectifs prévus par les politiques nationales et les INDC. Les États doivent exprimer leurs objectifs avec plus de clarté et de détails », conclut le rapport.
Avec euractiv