Selon les informations de L’Express, les services français pensent que le groupe terroriste Etat islamique a déjà utilisé du gaz asphyxiant et qu’il est capable de produire de l’ypérite, l’autre nom du tristement célèbre gaz moutarde.
Des soupçons existaient depuis longtemps. A présent, les services de renseignement français en ont acquis la quasi certitude: selon les informations de L’Express, le groupe terroriste Etat islamique,responsable des attentats de Paris, le 13 novembre, aurait la capacité de fabriquer de l’ypérite, appelé communément gaz moutarde. Ce gaz asphyxiant a été utilisé pour la première fois par l’armée allemande à Ypres, en Belgique, en 1917.
L’hypothèse d’une attaque chimique a été relancée le 19 novembre par Manuel Valls, qui a provoqué la surprise lors des débats à l’Assemblée nationale sur la prolongation de l’état d’urgence : “Il ne faut aujourd’hui rien exclure, a-t-il affirmé devant les députés. Je le dis, bien sûr, avec toutes les précautions qui s’imposent, mais nous savons et nous l’avons tous à l’esprit, il peut y avoir le risque d’armes chimiques ou bactériologiques.” Si le Premier ministre a admis, le soir même, sur le plateau du “20 heures” de France 2, qu’il n’avait “pas d’indice” sur la préparation d’un tel attentat en France, il a précisé que, par le passé, “Daech a utilisé des armes chimiques en Syrie”.
Des échantillons récupérés sur le théâtre irako-syrien
En août, des combattants kurdes irakiens engagés contre les djihadistes du groupe Etat islamique avaient assuré avoir été la cible d’armes chimiques, notamment du gaz moutarde. Un soupçon jugé “plausible” par les Américains. Quelques mois auparavant, Abou Malik, présenté comme un “expert en armes chimiques”, avait été tué dans un bombardement allié près de Mossoul, en Irak. Selon le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), il avait travaillé dans une usine de production d’armes chimiques sous le règne de Saddam Hussein, l’ancien dictateur, renversé en 2003.
Que Daech puisse fabriquer de l’ypérite constitue un élément nouveau. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a ainsi récupéré des échantillons sur le théâtre de guerre irako-syrien, où opèrent les djihadistes du groupe Etat islamique. La substance recueillie montre des “impuretés”, précisent les spécialistes, qui tendent à prouver que le gaz a été produit en Irak et, peut-être, dans le nord-ouest de la Syrie. “L’hypothèse d’une fabrication locale est privilégiée”, confie une source du renseignement. Jusqu’à présent, Daech était soupçonné d’avoir récupéré des armes chimiques dans des stocks pris aux forces de feu Saddam Hussein ou à l’armée syrienne.
Bachar a-t-il détruit ses stocks de gaz de chlore?
Le régime de Bachar el-Assad reste, de très loin, celui qui a eu le plus recours à ces armes prohibées par la Convention sur les armes chimiques, entrée en vigueur en 1997. En principe, pourtant, la Syrie est censée avoir détruit son arsenal chimique aux termes d’un accord américano-russe, conclu en septembre 2013, qui a permis à Damas d’éviter des frappes occidentales. Toutefois, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a conclu, l’an dernier, que du gaz de chlore avait été “systématiquement” largué par hélicoptère sur des zones tenues par l’opposition, notamment dans la province d’Idlib (nord-ouest). Seule l’armée syrienne possède des hélicoptères dans le pays. L’organisation non-gouvernementale Human Right Watch a également accusé Damas d’avoir utilisé à six reprises, entre le 16 et le 31 mars dernier, des barils remplis de chlore comme arme chimique.
avec lexpress