Une frange de l’opposition sénégalaise accuse le chef de l’Etat Macky Sall d’utiliser le budget 2018 à des fins politiciennes. Madické Niang, président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates estime que le budget n’a pas une vocation sociale comme l’annonce le pouvoir mais plutôt est un « instrument pour la réélection » du président. La neutralité du budget de l’Etat remise en doute ?
Le projet de budget 2018 de l’Etat sénégalais risque de faire grand débat au Parlement sénégalais. Adopté par le Conseil des ministres le 11 octobre dernier, il suscite déjà de vives réactions dans l’opposition où on estime que le président de la République, Macky Sall, s’en sert pour baliser le chemin de sa réélection à la tête du pays.
Pour le député Madické Niang, président du groupe des Libéraux et démocrates, contrairement à ce que prétend le gouvernement, le budget 2018 n’est pas basé sur des intentions sociales. Intervenant à la clôture d’un séminaire de formation dans la capitale sénégalaise, Dakar, il a rejeté l’idée d’une vocation sociale du budget et a estimé qu’il s’agissait d’« un instrument aux mains des partis au pouvoir pour la réélection de Macky Sall. Avant d’ajouter : Nous sommes une minorité de qualité et nous défendrons les intérêts du peuple ».
Pour l’élu, avec les prévisions de 10 milliards de francs CFA de fonds de dotation de la présidence, 40 milliards de francs CFA pour les bourses sociales, 1,7 milliard de francs CFA pour l’Assemblée nationale, et 1 milliard de francs CFA pour le Haut conseil des collectivités territoriales… :
On voit clairement que le budget 2018 est essentiellement tourné vers un objectif politique, à savoir la réélection de Macky Sall », Madické Niang, président du groupe des Libéraux et démocrates
Dans la presse locale sénégalaise, Madické Niang a indiqué qu’il s’organisera avec ses collègues pour apporter « au gouvernement les réponses et les répliques qui s’imposent face à toutes les questions débattues lors du vote du budget de la loi de finances de 2018 ». Au-delà de la contestation au parlement, le président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates voudrait pouvoir compter sur le peuple pour avoir gain de cause. « Nous avons prévu dès ce lundi, de descendre sur le terrain pour partager avec les Sénégalais leurs préoccupations, parce que nous sommes des députés du peuple », a-t-il précisé.
Un budget qui exprime la vitalité économique du pays
Les accusations de l’opposition parlementaire sont éludées du côté de la présidence sénégalaise où on estime que ce budget témoigne de la bonne santé de l’économie sénégalaise, avec « la consolidation des investissements publics programmés dans le Plan Sénégal émergent, notamment dans l’agriculture, les infrastructures et l’énergie ».
Le projet de budget 2018 adopté par le gouvernement totalise 3 709,10 milliards Fcfa et connait une augmentation de 349,2 milliards Fcfa, soit 10,4% par rapport à celui de l’année en cours. Le pouvoir sénégalais espère que ce budget permettra de donner une réponse adaptée aux préoccupations des populations du pays et aussi aux « grandes priorités sociales ». Sur ce dernier point, pas moins de 1.161 milliards de francs CFA, soit 42% du total des dépenses hors dette, sont prévus.
« 40 milliards pour les bourses de sécurité familiale, 30 milliards pour l’entrepreneuriat rapide des jeunes et des femmes, 38 milliards pour la formation professionnelle et l’apprentissage, 27 milliards pour les subventions aux intrants agricoles, 15 milliards pour le PUDC, 14,5 milliards pour les Domaines agricoles communautaires, compte non tenu des secteurs de la santé et de l’éducation », note le communiqué du Conseil des ministres portant adoption du projet de budget 2018, qui explique qu’il s’agit des dépenses « ayant un impact significatif, direct et immédiat sur le quotidien des Sénégalais, dans l’objectif de l’amélioration continue de leur bien-être ».
Macky Sall se dit conscient des incompréhensions que peut susciter le nouveau budget. En effet, à en croire le communiqué du Conseil des ministres, il a exhorté chaque membre de l’équipe gouvernementale de saisir l’opportunité de partager avec « la représentation nationale et les populations », les réalisations et le programme de travail de son ministère, en vue d’une bonne appropriation des politiques publiques, de l’action et du bilan du Gouvernement. Il les a aussi invité à se préparer pour défendre le projet en prenant toutes les dispositions requises en vue du déroulement normal de la session budgétaire à l’Assemblée nationale.
Avec latribuneafrique