A l’instar des autorités du pays, la société civile sénégalaise est vigilante sur les questions de lutte contre la corruption, comme le prouve cette requête du Forum Social du Sénégal (FSS). A l’occasion de l’audit des marchés et des concessions des services publics, la structure altermondialiste réclame que le gouvernement accorde une priorité à l’audit de 11 marchés publics concernant des projets et ouvrages importants ayant un impact considérable sur les finances publiques. Le FSS demande à l’Etat sénégalais « à travers ses différents organes de contrôle (Ige, Cour des comptes, Armp, Ofnac etc.), de privilégier l’audit technique et financier approfondi, notamment les projets et ouvrages importants ayant un impact considérable sur les finances publiques tels que: l’Autoroute Thiès-Touba, l’Autoroute Dakar-Diamniadio, le Pôle Industriel de Diamniadio, le Building Administratif, l’Autoroute Mbour-Kaolack, l’avance de démarrage de la route Fatick-Kaolack, la Cité de l’Emergence, le Centre International de Diamniadio, Unidak2 de Diamniadio, l’attribution du Port de Bargny, les concessions de Necotrans », peut-on lire dans le rapport de l’association. En marge de la publication de l’indice de perception de la corruption 2016, le FSS a soutenu que ces marchés d’une valeur de 1.650 milliards de FCFA ont été confiés aux entreprises étrangères sous le régime de Macky Sall et qu’il souhaiterait que lumière soit faite sur les circonstances.
Difficile de percevoir cette exigence du Forum social d’un bon œil du côté du pouvoir de Dakar. La plupart des marchés indexés par l’organisation constitue les plus grands projets d’infrastructures du président Macky Sall. On pourrait penser à raison que le FSS soupçonne fortement une illégalité.
Soupçons de corruption au Sénégal ?
Suite à l’exigence du Forum Social, très relayée médiatiquement, plusieurs observateurs s’interrogent. S’il s’agit de droit pour un citoyen sénégalais, qui plus est une organisation de la société civile sénégalaise de demander un audit d’un marché public, il faut aussi reconnaître que l’application avec laquelle le FSS l’a fait, et surtout en marge de la publication sur l’indice de perception, laisse penser à une petite bête dissimulée. « Notre pays a un score de 45 points sur 100. L’année dernière, on était à 44. En cinq ans, nous avons gagné seulement cinq points. Ce qui est insuffisant », fait remarquer Ndongo Mané Kébé, chargé des programmes au Forum Civil. Pour lui le fait que le Sénégal reste toujours dans la zone rouge n’est pas concevable et doit changer ”rapidement”.
Notons que pour certaines sources officielles du FSS, il s’agit d’une branche du Forum social africain, émanation lui-même du Forum social mondial. Le FSS vise entre autres, à renforcer, à travers un espace démocratique de liberté d’expression, les capacités des organisations de la société civile et des mouvements sociaux africains, à approfondir les luttes et résistances contre l’oppression, la confiscation des droits des populations, etc. A son actif, on pourrait par exemple citer, en 2007 le Programme de recherches et d’actions sur l’immigration clandestine au Sénégal et sur le co-développement dans le cadre des relations nord-sud, en 2009 le colloque international des sociétés civiles euro-africaines sur les migrations et le développement et en 2013 le projet d’observatoire des cas d’accaparement des terres au Sénégal.
avec latribune afrique