Après les législatives du 30 juillet dernier, le Sénégal installe ce 14 septembre, ses députés de la 13ème législature. Une rentrée parlementaire qui lance la bataille politique entre la majorité au pouvoir est une opposition qu’il est décidé à contenir. Un ancien président de la République qui a renoncé à siéger, un opposant qui devra siéger depuis sa cellule et l’élection sans suspense du président de l’Assemblée nationale, plusieurs sujets vont marquer cette rentrée solennelle pour le moins inédite. Détails.
Certains nouveaux élus sont arrivés une bonne heure avant l’ouverture officielle de la cérémonie prévue à 10 heure GMT. Ils effectuent leur première entrée dans l’Hémicycle de la Place Washington et vont porter pour la première fois, le titre d’ «Honorable député ». Moins de deux mois après les législatives, les 165 députés de la 13ème législature, élus lors du scrutin du 30 juillet dernier, vont être installés. Pour autant, plusieurs sujets politiques se sont invités à la cérémonie.
Moustapha Niasse, adoubé par Macky Sall et assuré de conserver son perchoir
Dans une assemblée tenue par la Coalition Benno Bokk Yakkar (BBY, au pouvoir) qui a raflé 125 sièges selon les résultats publiés par le Conseil constitutionnel, difficile de voir la présidence de la seconde institution du pays échapper au contrôle de la coalition présidentielle.
Logiquement, le titre de deuxième personnalité du pays devrait revenir au président sortant Moustapha Niasse. A 78 ans, cet administrateur civil qui préside l’Assemblée nationale depuis 2012 est également le doyen de l’Assemblée et devra donc aussi présider la séance d’ouverture.
Au nom de l’équilibre dans la mouvance présidentielle que le président de l’Alliance des Forces du Progrès (AFP) a rejoint en 2012, Macky Sall a tenu hier une réunion au Palais de la République avec son état-major politique. Un conclave avec les députés de la majorité au cours duquel, le Président sénégalais a confirmé avoir porté son choix sur Moustapha Niasse pour présider l’Assemblée. Si la consigne est respectée, il devrait siéger sur le perchoir pour les cinq prochaines années.
Abdoulaye Wade, l’absent le plus présent de la cérémonie
Dégringoler du titre d’« Excellence » à celui d’« Honorable ». La perspective a pu faire sourire mais ce n’est pas une option que l’ancien président Abdoulaye Wade a envisagé. A 91 ans, le Doyen d’âge de l’Assemblée à qui revenait la présidence de la séance d’ouverture, a adressé une lettre au secrétariat général de l’hémicycle pour renoncer à son siège de député. Il a expliqué sa renonciation par sa volonté de donner un coup de pouce au Parti démocratique sénégalais (PDS), engagé dans une coalition avec laquelle il a remporté 20 sièges de députés.
Khalifa Sall, un député qui siège depuis la prison de Rebeuss
Le dernier espoir pour plaider la cause du maire de Dakar, embastillé à la prison urbaine dakaroise de Rebeuss depuis le 7 mars dernier, était placé entre les mains d’Abdoulaye Wade. Les partisans de Khalifa Sall espéraient qu’en présidant la séance d’ouverture, l’ancien président allait porter la cause de l’édile de la capitale dans son discours.
Las pour le maire de Dakar, le boubou bleu de l’ancien président sénégalais n’est pas apparu dans l’Assemblée. A la place de la plaidoirie espérée de l’ancien président, le maire de Dakar a choisi la voie épistolaire pour se rappeler au bon souvenir de ses collègues députés.
Dans sa lettre, le maire de la capitale réclame son immunité parlementaire tout en exprimant son amertume de ne pouvoir siéger. Malgré son élection sur la liste de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, Khalifa Sall devra siéger depuis sa cellule de prison de Rebeuss, une première au Sénégal. Qu’adviendra-t-il de lui ? Votera-t-il par correspondance ou se fera-t-il remplacer par son suppléant ? Autant de questions qui agitent le débat politique et posent plus que jamais une équation juridique sans précédent dans le pays.
Avec latribuneafrique