Les autorités l’affirment : Diamniadio, conçue pour désengorger Dakar, sera bien livrée dans les temps. Administrations, infrastructures, logements, cité universitaire, complexe hôtelier… État des lieux.
Seydou Sy Sall, le délégué général à la promotion des pôles urbains (DGPU) de Diamniadio et du Lac-Rose, est formel : la première phase de travaux, portant sur les années 2014-2020, sera bien livrée dans les temps, puisque le taux de réalisation de la ville nouvelle dépasse aujourd’hui les 80 %. Au début de mai, une partie des trois sphères ministérielles, conçues pour accueillir une vingtaine de départements (agriculture, élevage, pêche, transports, mines, industrie, éducation nationale, etc.), a été terminée, et l’installation des différents services s’étalera jusqu’en septembre.
En déménageant de la sorte un grand nombre d’administrations, l’État espère désengorger le centre-ville dakarois. Ces blocs ministériels, d’une surface totale de plus de 110 000 m2, sont répartis sur trois arrondissements. Ils constitueront notamment la majeure partie du quatrième, spécialisé dans les finances et les services.
L’arrivée programmée de Diamniadio et de ses nouveaux équipements fait souffler un vent nouveau sur Dakar, notamment en matière de tourisme d’affaires et événementiel. Dans le premier arrondissement, entièrement affecté à ces secteurs d’activité, le Centre international de conférences Abdou-Diouf (Cicad), qui a déjà accueilli le 15e Sommet de la francophonie en novembre 2014, apparaît comme le vaisseau amiral d’un ensemble composé également de l’hôtel Radisson, inauguré en décembre 2017.
S’y ajouteront, à terme, une dizaine d’établissements hôteliers de standing, dont un Mövenpick de 350 chambres. Pour recevoir les événements qui animeront les lieux, le stade omnisports Dakar-Arena et le Parc des expositions devraient être terminés dans les toutes prochaines semaines. « Avec une telle infrastructure, Dakar pourra dorénavant accueillir le match NBA Africa Game, organisé jusqu’ici en Afrique du Sud », s’enthousiasme Amadou Gallo Fall, directeur général pour l’Afrique de la ligue amériaine de basket-ball.
Orienté vers l’économie du savoir, le deuxième arrondissement doit, selon les plans des autorités sénégalaises, devenir un haut lieu de la recherche et de l’innovation scientifique et technologique. Spécialisée dans les Stem (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques), la future université Amadou-Mahtar-Mbow en sera l’épicentre. Sa construction a toutefois accusé un grand retard puisqu’elle n’a pas pu commencer ses activités, comme prévu, pour la rentrée 2016-2017.
D’autres institutions – la Cité du savoir, le Parc des technologies numériques, le Centre national de calcul scientifique, le centre hospitalier universitaire, l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef), le Vaccinopole, l’Institut national du pétrole et du gaz – viendront graviter autour de ce noyau.
Les activités du troisième arrondissement, spécialement axé vers l’industrie manufacturière et la logistique, se structureront autour d’un parc industriel intégré d’une surface de 52 ha, qui a déjà accueilli ses premières usines. Selon les autorités, ce parc pourra accueillir une soixantaine d’entreprises, permettant la création de plus de 20 000 emplois. Il voisinera, à la fin de cette année, avec le marché de gros, annoncé comme le « Rungis » du Sénégal.
Pour assurer une mixité sociale et fonctionnelle, 40 000 logements de différents standings seront répartis sur le site.
Pour éviter que Diamniadio ne soit qu’une juxtaposition de services installés dans des arrondissements coupés les uns des autres, les concepteurs ont prévu de répartir plus de 40 000 logements de différents standings pour cimenter les quartiers de la ville selon un concept de mixité sociale et fonctionnelle. « Pour ne pas tomber dans le piège de la cité-dortoir, nous avons structuré Diamniadio autour de la fonction travail, dont l’activité crée de la richesse et des emplois, que nous avons combinée avec la fonction logement, pour apporter cette mixité », explique Seydou Sy Sall. Les premières habitations sont attendues pour septembre de cette année.
Et Dakar entend siffler le train
À côté de l’autoroute à péage reliant, depuis août 2013 et sur une quarantaine de kilomètres, Dakar à Diamniadio via le nouvel aéroport international Blaise-Diagne, la liaison électrifiée du Train express régional (TER) constitue l’autre grand moyen de transport attendu pour desservir la ville nouvelle et son aéroport.
Démarrés à la fin de 2016, les travaux du premier tronçon reliant Diamniadio progressent à marche forcée. Sa mise en service est fixée à janvier 2019, il n’y a donc pas de temps à perdre. Avec le pôle urbain, le premier train rapide du Sénégal est l’un des chantiers majeurs du pays.
Le constructeur sénégalais Getran réalise la gare « emblématique » de Diamniadio, et Eiffage Sénégal celle de Dakar. Entre les deux, 14 stations seront desservies en quarante-cinq minutes pour un trafic passagers journalier estimé à 115 000 voyageurs. Selon le gouvernement, le TER devrait coûter 568 milliards de F CFA (866 millions d’euros).
La société publique de bus Dakar Dem Dikk (DDD) viendra en appoint à ce dispositif de desserte, tout comme les groupements privés de transport.
Avec jeuneafrique