Dans le cadre de la présentation de l’édition 2018 de ses Perspectives économiques africaines (PEA 2018) le 17 janvier dernier à Abidjan, la Banque africaine de développement (BAD) a relevé un état des lieux mitigé de l’économie gabonaise. Si l’institution financière panafricaine a confirmé la résilience des économies africaines face aux chocs des dernières années, elle a, dans le cas du Gabon, indiqué que le taux de croissance ne devrait pas dépasser 1 % en 2017, malgré de nombreuses initiatives entreprises pour faire face à la crise économique en cours.
Situation des indicateurs macroéconomiques
Selon la BAD, depuis la chute du cours du pétrole, le Gabon enregistre des pertes de recettes qui ont négativement affecté les finances de l’État, le secteur financier et le secteur productif. En dépit de ses efforts d’ajustement, l’État a accumulé d’importants déficits budgétaires, notamment pour faire face à une masse salariale importante (près de 40 % du budget), et soutenir le programme d’investissement associé à la vision d’émergence du pays. Combinée à l’accumulation d’arriérés, la baisse des investissements publics a nui à la croissance économique, à la création d’emploi et au secteur non pétrolier. Par ailleurs, la balance des paiements est déficitaire et les réserves de l’État auprès de la Banque centrale se sont fortement amoindries.
Les bons points
Le Gabon est aujourd’hui déterminé à réduire sa dépendance à l’égard des matières premières, notamment les hydrocarbures, et à transformer son économie pour devenir un pays émergent d’ici 2025. Il a mis en place une véritable politique industrielle comprenant, notamment, l’aménagement de zones économiques spéciales et l’attraction d’investissements directs étrangers.
Ces mesures se concrétisent, entre autres dans le partenariat public-privé avec la société OLAM, dont le but est de promouvoir l’agriculture de subsistance et d’exportation en tant que relai de la croissance. Pour améliorer la performance des administrations publiques, le gouvernement a lancé des réformes visant à rationaliser l’effectif des fonctionnaires, à revoir les missions de certains ministères et à réorienter les ressources publiques vers l’obligation de résultat.
Les réformes sont soutenues par la communauté internationale à travers, notamment, un accord triennal de 655 millions de dollars EU approuvé en juin 2017 par le Fonds monétaire international au titre de sa Facilité élargie de crédit, ainsi que des appuis budgétaires de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement.
Les mauvais points
L’appartenance à une union monétaire aide le Gabon à maintenir des taux d’inflation bas, mais elle limite ses possibilités d’adaptation aux chocs et de compétitivité extérieure. La diversification économique limitée demeure une contrainte majeure et empêche le pays de tirer des gains de plus fortes exportations non pétrolières. Malgré la maitrise des dépenses de la fonction publique et le recentrage des dépenses publiques, le Gabon a accumulé, depuis trois ans, d’importants arriérés vis-à-vis du secteur privé.
Ils freinent le développement du secteur non pétrolier, pénalisent l’emploi et, à terme, risquent de fragiliser le secteur bancaire en raison de l’accumulation des prêts douteux. Le niveau de la dette publique est également préoccupant dans la mesure où il a sensiblement augmenté ces dernières années, pour atteindre près de 59 % du PIB en octobre 2017.
L’État doit également massivement continuer à investir dans les infrastructures, notamment routières, pour rester une destination attractive pour les investissements étrangers. La stratégie de financement doit toutefois préserver la soutenabilité de la dette.