Héros aux couleurs du drapeau national, énergie solaire, personnages de contes traditionnels… Le jeu vidéo “Les Héros du Sahel” doit son succès à un savant mélange de références nigériennes et d’univers “gamer”. Disponible sur le web depuis quelques semaines, il a été créé par Mahaman Sani Housseyni Issa, un jeune professeur d’arts plastiques de 24 ans.
Mahaman Sani Housseyn Issa est tombé dans le jeu vidéo quand il était tout petit. C’est « un mordu », comme il se plaît à le dire, en confiant qu’il tient son surnom, Mog, de l’univers du célèbre « Final Fantasy ».
Avec la sortie du jeu « Les Héros du Sahel », téléchargeable gratuitement sur la plateforme Mediafire depuis le 26 août dernier, il a réalisé un rêve d’enfance. Ce jeu vidéo, il l’a entièrement produit et financé. En moins de deux semaines, le jeu a déjà été téléchargé environ 4000 fois. Aujourd’hui sa petite entreprise, Mogmedia designs, emploie certains de ses copains de toujours, ceux avec qui il « geekait » pendant son adolescence, en rêvant de BD et d’univers fantastiques.
Fils de diplomate, Mog quitte le Niger à quatre ans, et passe sa jeunesse entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite, bercé par les univers de Street Fighter et Mortal Combat… C’est durant ces années qu’il découvrira sa passion pour le dessin, tout en « geekant » avec ses copains. Il reviendra au Niger pour passer son bac, puis devenir professeur d’arts plastiques à Niamey. Mais il n’abandonne pas sa passion pour autant, et s’attelle à un projet de manga intitulé « Swear and Slash » (Jure et Scie).
Très vite, pourtant, il doit changer de direction : « Cela ne marchait pas trop, ici les gens son vraiment focalisés sur les histoires du pays » explique-t-il. C’est donc avec le souci de parler aux joueurs nigériens que Mog donne vie à « Shamsou, le guerrier du soleil », personnage principal des « Héros du Sahel ».
Shamsou porte une tunique aux couleurs du drapeau national, il est entouré de figures des contes traditionnels nigériens.
Ici, on est bien loin de l’univers classique des jeux vidéos : l’action se passe dans le désert, dans des villages, avec un décor de cases et de sable.
Énergie solaire
Pour Mog, ce guerrier est un symbole : « il frappe ses ennemis avec l’énergie solaire, très importante pour l’avenir du Niger ». Le jeu a une portée éducative, le joueur suivant Shamsou de village en village, apprenant aux habitants, par exemple, à se servir de pompes à énergie solaire. À un autre niveau, poursuit Mog, il représente quelqu’un qui se sert du potentiel et des ressources de son pays : « Il y a tellement de personnes ici qui ont du talent, et qui ne sont pas reconnues. »
La formule fonctionne et ce premier essai pourrait bien constituer les premiers pas d’une industrie du jeu vidéo au Niger. Pour l’instant, Mahaman Sani Housseyn Issa n’a pas de « studio » en tant que tel, tout est encore au stade du « fait maison ». Mais il ne compte pas s’arrêter là : il travaille actuellement sur une version commerciale des « Héros du Sahel », ainsi que sur quatre autres jeux vidéos.
Avec Jeune Afrique