Les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont pratiquement touché le fond. Les gouvernements de deux pays ne se font pas confiance dans l’économie et qui plus est dans la politique. Si la Russie adoptait la loi sur la responsabilité pénale pour le respect des sanctions, les entreprises occidentales quitteraient le pays.
Le thème de confiance dans l’économie sera central pendant le Forum économique international de Saint-Pétersbourg cette année, explique Alexis Rodzianko, directeur de la Chambre américaine de commerce en Russie cité par le site d’information Gazeta.ru.
Si la loi russe était adoptée, les entreprises américaines décideraient presque automatiquement de quitter la Russie. Ce serait un choix purement objectif. Les employés des compagnies américaines en Russie sont à 99,9% des citoyens russes. Aucun dirigeant responsable ne placerait son personnel sous le coup de sanctions pénales.
De nombreuses compagnies ont déjà pris la décision de savoir où elles travailleront. Elles attendent seulement de voir si la nouvelle loi sera adoptée ou non. C’est noir ou blanc, poursuit Alexis Rodzianko. Et ce sont avant tout les grandes compagnies.
Peut-être que la question relative à la peine pénale est une réaction russe aux sanctions individuelles décrétées par les USA. Mais il est certain que plusieurs grandes compagnies fermeront immédiatement et s’en iront. Et elles laisseront leurs milliards d’investissement dans la terre. Personne n’en sera gagnant.
Il s’agit d’une démarche politique. Elle s’explique par la nécessité émotionnelle de faire quelque chose de fort et d’offensant sans tenir compte du résultat, estime Alexis Rodzianko. Il trouve que les sanctions américaines contre la compagnie russe Rusal ont également été adoptées sans une analyse appropriée. Et cela a infligé un bien plus grand préjudice à l’économie des USA et de l’Europe que de la Russie.
Pour éviter la confrontation des pays, pour que les sanctions et les contremesures ne conduisent au final à un conflit, Alexis Rodzianko préconise de rétablir à part entière les relations diplomatiques, se rencontrer davantage et mener un dialogue. Moins crier en public pour plutôt parler calmement.
«Je critiquais les sanctions antirusses publiquement et je les critique encore. Parce qu’elles sont déjà passées à la phase où chaque nouvelle sanction affecte davantage celui qui la décrète que celui qui est visé. Et ce fut également le cas de Rusal. Et dès que c’est devenu clair, c’est-à-dire presque immédiatement, le gouvernement américain a tenté de faire marche-arrière», déclare Alexis Rodzianko.
Des deux côtés les sanctions ont poussé les politiciens à l’hystérie. La loi sur les sanctions a été votée aux USA il y a un an à 400 contre 3. «Selon moi, c’est de l’hystérie», dit-il. La loi russe a été votée à 412:0. Aucun député ne s’est abstenu, aucun n’a voté contre. «C’est également de l’hystérie, cette fois du côté russe. Les politiciens des deux pays sont devenus hystériques. Voilà le résultat des sanctions», conclut Alexis Rodzianko.
Avec sputnik