Les rémunérations des métiers traditionnels du marketing stagnent. Seules celles du digital et du e-marketing progressent.
Une étude Maesina-Aon Hewitt fait état – une première ! – d’une stagnation des salaires du marketing, exception faite de son volet digital.
Les salaires stagnent
« L’année 2015 marque une vraie rupture pour le marketing traditionnel, observe Eric Gandibleu, directeur général du cabinet de recrutement Maesina International Search. « Cette activité, qui recelait traditionnellement de hauts potentiels, bénéficiait d’évolutions de salaires très supérieures à la moyenne, autour de 5 % selon les catégories. » Mais, une précédente étude annuelle avait noté, dès 2014, une baisse des augmentations des salaires de 3,5 %. En 2015, à 1,5 %, ce recul concerne tous les niveaux hiérarchiques, hormis le marketing digital. De quoi faire aussi fléchir la motivation des salariés, notamment celle des plus attachés aux valeurs de fidélité à l’entreprise. « Le turnover se retrouve même sur des secteurs réputés plus fidélisants comme l’automobile et l’industrie », note Eric Gandibleu. Cette situation profite, du coup, aux pure players, qui voient là l’occasion de recruter des profils traditionnels issus de grands groupes pour renforcer les compétences de leurs équipes.
Le digital épargné
« Jusqu’en 2013, les marketeurs traditionnels figuraient au rang de stars de l’entreprise. Aujourd’hui, ce sont les e-marketeurs », assure le spécialiste. A l’image des fonctions digitales, qui selon l’étude bénéficient d’une hausse moyenne de 7 % des salaires. Résultat : les fonctions de responsables e-marketing et e-commerce, particulièrement difficiles à pourvoir, sont ainsi de mieux en mieux rémunérées. Et Eric Gandibleu de citer l’exemple d’Anne Browaeys-Level, devenue directrice générale du marketing et du digital du Club Méditerranée en septembre dernier. Cette nomination, qui visait notamment à décloisonner les services, a d’ailleurs fait accéder la direction marketing au comité exécutif du groupe.
Le client au coeur des attentions
Vent en poupe également pour les marketeurs spécialistes de l’orientation client. « Les recruteurs n’ont que ces mots à la bouche en ce moment », insiste Eric Gandibleu. Alors que ce sujet était traité conjointement par la direction commerciale et le marketing, on voit émerger de plus en plus de directions du marketing client avec une forte dimension multicanale. » Selon le spécialiste, la génération de « leads », qui consiste à détecter les signaux d’intérêt de prospects, est amenée à se développer fortement. Le Big Data donne aussi l’occasion d’étendre « considérablement le champ d’intervention du marketing », insiste le directeur général de Maesina International Search. « Après s’être longtemps concentrées sur la technique, les entreprises cherchent à déterminer quelles sont les données essentielles, comment les gérer et ce qu’elles peuvent en tirer. »
avec lesechos