Le ministre du Tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale veut profiter du marché potentiel chinois pour marquer son mandat. Selon lui, le Maroc devrait disposer d’une liaison aérienne directe avec la Chine d’ici 2020 et accueillir au moins 500.000 touristes de ce pays contre 100.000 en 2017.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec Song Yu, secrétaire général de la fédération mondiale des villes touristiques (WTCF), tenue jeudi 1er février dans le cadre du forum Maroc-Chine, Mohamed Sajid a dévoilé les pistes pour développer la coopération touristique entre les deux pays.
Selon lui, les opérateurs doivent encore faire des efforts pour s’adapter aux attentes de ce gigantesque marché qui est “largement sous-exploité”. Pour cela, son ministère va se concentrer en priorité sur la création d’une connectivité aérienne directe afin de développer les arrivées chinoises.
“Sans être prétentieux, nous devrions, très facilement, arriver à 500.000 visiteurs à l’horizon 2020. La levée des visas marocains a été un formidable accélérateur du taux de croissance des arrivées mais cette dynamique devrait se poursuivre et s’amplifier d’année en année.
“Pour améliorer l’accueil et adapter le produit marocain, l’ONMT va renforcer sa présence dans son bureau de Pékin car avec cet énorme potentiel, on ne peut plus se contenter d’un effectif aussi réduit (2 personnes).
“Il faut actionner tous les leviers de croissance et l’aérien sera une de notre principale priorité. La création d’une ligne directe est à l’étude par la compagnie nationale. Dans le cadre de son contrat programme avec l’Etat, la RAM compte rénover et étoffer sa flotte aérienne pour desservir de nouvelles destinations comme la Chine. Il faudra du temps avant que cette piste aboutisse car même avec la meilleure volonté du monde, on n’achète pas un avion long-courrier du jour au lendemain.
“Hormis cette option, nous avons entamé des contacts avec des compagnies aériennes chinoises qui sont disposées à accompagner et profiter de l’explosion actuelle de ce marché émergent au Maroc.
“Je ne sais pas si ces projets aboutiront en 2019 ou en 2020, mais cela se fera rapidement”, prédit le ministre qui se dit déterminé à ouvrir cette ligne directe avant la fin de son mandat.
Interrogé par Othman Cherif Alami, PDG du groupe Atlas Voyages (1er tour-opérateur du Maroc), sur l’absence de guides marocains parlant mandarin, Sajid a révélé que l’ONMT avait signé une convention avec l’institut Confucius pour offrir des formations de langues chinoises aux guides existants.
Il a également affirmé que les étudiants des universités marocaines qui suivent des cours de mandarin seront sollicités pour devenir guides après leurs études et fournir un contingent d’une centaine de professionnels d’ici 2019 ou 2020.
Selon nos informations, le Maroc ne dispose en effet, en tout et pour tout que de 8 guides locaux opérationnels et la majorité des accompagnateurs de groupes de visiteurs sont des chinois expatriés.
Si Sajid a largement insisté sur le levier digital pour mieux vendre la destination marocaine, Fouzi Zemrani, qui accompagnait le ministre, a fait une étonnante révélation pendant la conférence de presse.
Le vice-président de la CNT (confédération nationale du tourisme) a en effet affirmé que les opérateurs (publics et privés) venaient (à peine) de se rendre compte que l’accès à leurs sites de promotion était bloqué en Chine.
“Nous avons découvert que nos sites n’étaient pas consultables en Chine car les autorités bloquent l’accès à de nombreuses plateformes étrangères. Nous passerons donc par des hébergeurs chinois ou par des joint-ventures avec des sites locaux afin de promouvoir notre marque”, a proposé Zemrani.
Une découverte bien tardive sachant que Facebook, Youtube, Google … ne sont pas consultables sur les ordinateurs, tablettes et Smartphones de ce pays depuis des années et que près d’un milliard de chinois sont connectés sur le réseau social “WeChat” pour s’informer, communiquer et payer leurs commandes.
Un manque de réactivité sans doute à l’origine de gâchis sachant qu’un site comme visitmarrakech.com (créé par le CRT de la ville) qui a investi de l’argent dans des menus en langue chinoise l’a fait pour rien et a perdu de nombreux visiteurs potentiels incapables de s’y connecter.
Avec medias24