Une réunion de consultation sur la situation pastorale à l’initiative d’organisations régionales comme le CILSS ou l’UEMOA s’est terminée ce week-end à Niamey, au Niger. L’occasion de parler de la crise liée à un déficit de pluies historique. Le manque de pâturage combiné à l’insécurité liée aux groupes terroristes dans le Sahel rend les éleveurs de la région particulièrement vulnérables. Au lendemain de la grande réunion sur le Sahel qui s’est tenue à Bruxelles vendredi et qui a promis la mise en place par l’Alliance Sahel de 500 projets de développement dans la région, les éleveurs font part de leur déception. Ils estiment ne pas avoir été consultés par ce nouveau partenaire de développement
Huit milliards d’euros… C’est le budget que l’Union européenne entend consacrer aux projets de l’Alliance Sahel jusqu’en 2022. L’engagement est colossal mais pour faire quoi ?
Abdoul Aziz Ag Alwaly, le responsable de l’association d’éleveurs Tassaght [«lien» en tamasheq], à Gao au Nord du Mali, redoute que ces projets de développement ne soient pas adaptés. « Nous aimerions, justement, que l’on se penche, pour une fois, sur le mode de vie de ces communautés pastorales, le contexte qui les rend plus vulnérables, qu’elles ne l’étaient. Je fais allusion, entre autres, à des trajets de commerce, des recherches de pâturages… Toute cette mobilité se retrouve entravée par le contexte actuel d’insécurité », explique t-il à RFI.
« Les éleveurs se retrouvent piégés dans un champ de bataille entre des éléphants et même si ce n’est pas un acteur en antagonisme avec les autres, ils l’écrasent » conclut-il.
Pour Dodo Boureima, du réseau d’éleveurs Bilital Maroobé au Niger, stabiliser le Sahel ne sera possible qu’en soutenant l’élevage, dernière activité dans ces régions délaissées. « Dans ces zones encore vidées des autres populations et même de l’administration, c’est les éleveurs qui mettent ces grands espaces-là en valeur. Sinon, c’est aussi laisser ces espaces-là à des bandits armés ou à ces rébellions… »
Au Sahel on a de l’eau, insiste t-il, aussi faut-il « faire des investissements pour (que) le maximum d’éleveurs (puissent retourner) autour de certains sites stratégiques ».
Rappelons que l’élevage est l’une des principales activités économiques des pays sahéliens et représente entre 30 à 40% de leur produit intérieur brut agricole.
Avec RFI