Le Rwanda va concrétiser son projet de production de gaz en bouteille à partir du lac Kivu, qui émet des nuages de méthane denses. La substance qui a valu à ces eaux, le surnom de «Killer Lakes» ou lacs mortels, sera extraite dans le cadre du projet Gasmeth Energy, détenu par des investisseurs américains, nigérians et Rwandais, en collaboration avec les autorités de Kigali.
Le Rwanda vient de signer un contrat de 400 millions de dollars pour la production du gaz méthane à partir de son «Killer Lakes» ou lac Kivu. La société Gasmeth Energy, en charge du projet a prévu de mettre en place une usine d’extraction, de traitement et de compression de gaz pour vendre du méthane au pays et en exporter dans la sous-région. La société va procéder par aspiration du gaz du fond du lac, avant de le mettre en bouteille et de le commercialiser comme carburant, d’ici 2 ans. L’accord établi sur une période de sept ans et annoncé ce mardi 5 février, devrait permettre de réduire les bulles de gaz toxiques à la surface. Il devrait également renforcer le secteur de l’extraction du gaz du lac Kivu, où opèrent déjà deux sociétés en charge d’alimentation des centrales électriques au Rwanda.
Clare Akamanzi, directrice du Rwanda Development Board, a estimé dans une déclaration à Reuters que «le méthane en bouteille aiderait à réduire la dépendance locale au bois et au charbon de bois, des combustibles utilisés par la plupart des ménages et des usines de thé pour cette nation de 12 millions d’habitants d’Afrique de l’Est».
L’extraction de gaz dans le lac Kivu, a été conçue dans le cadre d’un vaste projet de développement des énergies vertes auRwanda. Son usage devrait aider à réduire la pression sur les ressources de bois notamment dans cette région volcanique, qui offre de belles perspectives en termes de développement des énergies renouvelables. A cheval entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, les eaux profondes du lac Kivu émettent des nuages de méthane denses et considérés comme une sérieuse menace pour les populations riveraines. On se rappelle encore du cas camerounais, ou les éruptions provoquées par des lacs émettant du méthane on fait plusieurs morts. En effet, selon quelques spécialistes, le lac Kivu peut provoquer une catastrophe identique à celle du lac Nyos au Cameroun qui, en 1986, a été à l’origine de l’asphyxie de près de 1800 personnes par du CO2. Étendu sur une superficie de 2 370 km2, le lac Kivu contient quelque 60 km3 de méthane dissous et près de 300 km3 de dioxyde de carbone (CO2).
Avec la tribune afrique