Le 7 juin 2018, lors de sa ligne directe annuelle, Vladimir Poutine avait déclaré qu’il était nécessaire de faciliter l’obtention de la citoyenneté russe, et de simplifier le retour des Russes vivant à l’étranger. Il avait aussi donné l’ordre au ministre de l’Intérieur de régler le problème de l’employabilité des réfugiés venant du Donbass (ces derniers devant faire face actuellement à de nombreux obstacles administratifs).
Cette question concernant les problèmes d’employabilité que rencontrent les réfugiés du Donbass avait embarrassé Vladimir Poutine, car les autorités russes avaient déjà discuté de ce sujet à plusieurs reprises et demandé au service des Migrations (qui dépend du ministère de l’Intérieur) de faire des propositions pour résoudre ces difficultés. Le président considérait donc que le problème aurait déjà dû être réglé depuis longtemps. Ce qu’il n’est manifestement pas.
Comme l’avait souligné Dmitry Orlov, la situation des réfugiés du Donbass, s’apparente à un roman de Kafka.
« Les lois les obligent à rentrer à la maison tous les 90 jours, mais où ? Leur maison est une zone de guerre. Ils ont des enfants qui ont déjà été traumatisés en se cachant dans des abris anti-aériens alors que leurs maisons étaient bombardées par l’armée ukrainienne. Ils ont également souligné que pour demander la permission de rester, puis la résidence, puis la citoyenneté, ils doivent dépenser de l’argent pour satisfaire aux exigences de la paperasserie leur permettant de gagner de l’argent, mais ils ne sont pas autorisés à travailler jusqu’à ce qu’ils finissent par remplir les exigences de la paperasserie : une situation sans issue, » a-t-il écrit après la ligne directe de Vladimir Poutine.
Dmitry Orlov avait aussi souligné le fait que la procédure actuelle, très complexe, empêchait les très nombreux citoyens membres de la diaspora russe de revenir facilement à la mère-parie une fois leur passeport expiré. Et ce, alors que la Russie fait face aux conséquences démographiques de la catastrophe des années 90, et qu’elle aurait bien besoin de faciliter le retour de ses concitoyens partis un temps à l’étranger.
L’ordre a été bien entendu, et le vice-ministre russe de l’Intérieur, Igor Zoubov, a déclaré que son ministère avait commencé la procédure de simplification de l’obtention de la citoyenneté russe, principalement pour les réfugiés venant d’Ukraine (c’est-à-dire pour la plupart d’entre eux, du Donbass).
« Nous travaillons activement dans cette direction, et nous soumettrons nos propositions dans un futur proche », a-t-il déclaré.
« En principe, personne n’entrave l’acquisition de la citoyenneté russe pour les Ukrainiens, mais maintenant nous sommes en train de revoir cela, nous parlons des Ukrainiens dont les conditions de vie ne sont pas normales et qui sont forcés de quitter leur pays », a souligné monsieur Zoubov.
Et si la Russie veut faciliter les choses pour les réfugiés du Donbass, elle n’oublie pas ses concitoyens vivant à l’étranger dans ce processus. Moscou semble bien décidée à faciliter le retour des Russes de l’étranger.
« Au sein du cadre du concept de politique migratoire que nous développons, nous envisageons la création de conditions pour le retour de compatriotes venant de tous les pays. De telles propositions ont été faites, et nous travaillons dans cette direction », a ajouté Zoubov.
Comme l’avait déclaré Vladimir Poutine lors de sa ligne directe, sont Russes avant tout les gens qui, indépendamment de leur nationalité ou de leur appartenance religieuse, se considèrent comme intimement connectés au monde russe, qui parlent russe, qui veulent travailler en fédération de Russie et qui ont les compétences ad-hoc.
Une vision de ce qu’« être Russe » signifie qui est partagé par de nombreux Russes avec qui j’ai discuté de ce sujet. Pour eux, être Russe c’est avant tout une question d’âme. Si ton âme est russe, alors peu importe où tu es né, tu es Russe !
Il semble que, sans pour autant risquer de détruire l’équilibre en terme d’emploi dans le pays en donnant la nationalité russe à tort et à travers, Vladimir Poutine ait décidé de rapprocher la vision des autorités de celle du peuple russe sur ce sujet.
Avec dnipress