Vladimir Poutine a été triomphalement réélu président de la Russie, avec plus de 70 % des voix, selon les premières estimations publiées par les médias russes. Ce résultat est le meilleur jamais obtenu par M. Poutine en 18 ans de règne, et donc meilleur que celui qu’il avait obtenu en 2012 (63,60%). Des records sont atteints en Crimée et en Tchétchénie, où le président dépasse les 90 %.
Les chiffres de la participation, qui constituaient la principale inquiétude du Kremlin, ne sont pas encore connus, mais la tendance semble être bonne. A 18 heures, heure de Moscou, elle s’établissait à 52,71 %, soit 4 points de mieux qu’en 2012, où elle s’était établie finalement à 65,27 %.
Pavel Groudinine, le candidat communiste Pavel Groudinine, prend la deuxième place, avec environ 14 % des suffrages. Son résultat était scruté comme l’un des indicateurs du mécontentement social. L’ultranationaliste Vladimir Jirinovski récolte environ 6,5 % des voix, suivi de la libérale Ksenia Sobtchak (environ 2 %).
La religion, adjuvant du nationalisme
Échange de bons procédés entre le Kremlin et l’Église orthodoxe
La réélection de M. Vladimir Poutine le 18 mars semble assurée. Son dernier mandat a été marqué par des rapports de plus en plus tendus avec les pays occidentaux, mais aussi par un virage conservateur. Depuis six ans, le chef de l’État s’affiche avec les dignitaires orthodoxes. Il instrumentalise ainsi leur influence pour revigorer le patriotisme et rayonner à l’étranger.
par Anaïs Llobet (aperçu)
Le Monde diplomatiqueÉchange de bons procédés entre le Kremlin et l’Église orthodoxe↑
Sous un grand soleil, ce 25 mai 2017, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie inaugure l’église du monastère Sretenski, au cœur de la capitale. À ses côtés, le président Vladimir Poutine, le visage solennel et impassible, observe l’intégralité des rites. Puis il tend au patriarche une icône vieille de quatre cents ans représentant Jean Baptiste, le prophète ayant annoncé la venue de Jésus, qui trônait jusque-là dans son bureau du Kremlin. Elle sera désormais placée sur l’autel du nouveau lieu de culte.
Un patriarche orthodoxe aux côtés d’un chef d’État russe : la scène aurait semblé étrange il y a quelques dizaines d’années. Située à quelques pas de la Loubianka, le bâtiment du ministère de l’intérieur soviétique, symbole de la grande répression des années 1930, l’église est dédiée à la mémoire des « martyrs de la persécution antireligieuse ». La décision de la consacrer l’année du centième anniversaire des révolutions de février et octobre 1917 constitue un « symbole important », a souligné M. Poutine, prenant la parole après la cérémonie. « Nous savons à quel point la paix civile est fragile. Nous ne devons jamais oublier combien il est difficile de guérir les blessures nées des divisions. Voilà notre responsabilité commune : faire tout notre possible pour préserver l’unité de la nation russe. »
Même si elle n’avait pas complètement disparu durant la période communiste, l’orthodoxie sort d’une longue période de purgatoire. Après la violente campagne antireligieuse des bolcheviks, contre un clergé intimement lié à l’autocratie qu’ils combattent, il ne reste, à la veille de la seconde guerre mondiale, que 250 paroisses actives, contre 54 000 en 1914 . Face au déferlement des troupes allemandes, Joseph Staline réhabilite l’Église pour appuyer la mobilisation générale, dans la longue tradition des guerres « sacrées » livrées par la Russie contre les invasions barbares. « Frères et sœurs, un danger mortel menace notre patrie », lance-t-il le 3 juillet 1941 dans une adresse restée (…)
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