Deux destroyers américains, l’USS Donald Cook et l’USS Porter, pourraient être déployés prochainement dans l’est de la Méditerranée afin de tirer des missiles contre la Syrie. Si Washington lançait une frappe contre la République arabe, la Russie serait forcée de réagir d’une manière ou d’une autre, estime le quotidien Gazeta.ru.
Gazeta.ru a analysé quelle pourrait être la réponse militaire de Moscou aux éventuelles actions de Washington en Syrie. Il est tout à fait possible que Donald Trump ait déjà pris la décision de réagir à l’usage supposé de l’arme chimique dans la ville syrienne de Douma et que les navires américains prennent déjà position pour tirer des missiles guidés Tomahawk.
Le destroyer USS Donald Cook (DDG-75), doté de missiles guidés, est en service dans la marine américaine depuis 1998. Son port d’attache est situé à Rota, en Espagne. Ce bâtiment a participé à l’opération Iraqi Freedom au printemps 2003 et depuis 2014, ce destroyer est rattaché à la 6e flotte américaine (Méditerranée).
Le destroyer USS Porter (DDG-78), en service depuis 1999, fait partie de la 2e escadre de la flotte atlantique de la marine américaine. Son port d’attache est situé à Norfolk, dans l’État de Virginie. Ce navire a déjà participé à la frappe contre la Syrie le 7 avril 2017 (après la prétendue utilisation de l’arme chimique par l’armée de Bachar al-Assad à Khan Cheikhoun).
Les armes principales des deux destroyers américains sont des missiles de croisière mer-sol Tomahawk d’une portée de 2.500 km. Dans leur version conventionnelle, les navires peuvent être munis de 56 missiles Tomahawk, et de 96 dans leur version d’attaque.
Si les USA décident de frapper les forces du président syrien Bachar al-Assad, la Russie se réserve le droit de riposter aux éventuelles frappes des USA contre Damas et son agglomération. Comme l’a déclaré le général Valeri Guerassimov, premier vice-ministre russe de la Défense et chef d’état-major des forces armées russes en mars 2018, Moscou devra réagir si la vie des militaires russes en Syrie était menacée.
«A Damas dans les établissements et sur les sites du ministère syrien de la Défense se trouvent des conseillers militaires russes, des représentants du Centre pour la réconciliation des belligérants et des soldats de la police militaire. En cas de menace pour la vie de nos militaires, les forces armées russes pourraient riposter — aussi bien contre les missiles que leurs vecteurs», avait signalé à l’époque le général Guerassimov, commentant l’éventualité d’une frappe de missiles américaine contre les quartiers de Damas contrôlés par l’armée gouvernementale.
Hier, l’ambassadeur de Russie à l’Onu Vassili Nebenzia a mis en garde les États-Unis contre les lourdes conséquences d’une attaque éventuelle contre la Syrie.
Aveugler et attaquer
D’une manière ou d’une autre, Moscou devra réagir car en cas d’inaction du contingent russe en Syrie les pertes en matière d’image pour la Russie seraient immenses: les adversaires, les éventuels partenaires et les pays neutres concluront que dans une telle situation, le Kremlin est incapable de protéger son allié. Cependant, les Américains doivent également être conscients du fait qu’ils poussent la Russie à utiliser ses armes. Et dans une telle situation, la responsabilité reposerait uniquement sur la Maison blanche.
Si la Russie optait pour le recours à la force, elle devrait neutraliser les deux destroyers américains.
Pour commencer, il lui faudrait utiliser des systèmes de guerre électronique pour brouiller tous les systèmes électroniques des navires américains — c’est-à-dire les aveugler complètement. L’armée russe possède déjà une telle expérience: le 10 avril 2014, le fameux USS Donald Cook avait pénétré en mer Noire. Un bombardier russe Su-24 doté du système Khibiny avait émis un brouillage si puissant que tous les appareils électroniques du destroyer américain étaient tombés en panne.
Le contingent russe disposerait de tels moyens.
Quand les systèmes de guerre électronique mettront hors service les systèmes électroniques des navires américains, des avions Su-30SM, Su-35S, Su-34 et Su-24M embarquant des missiles air-mer Kh-31 AD (code Otan AS-17 Krypton) et Kh-35 (code Otan AS-20 Kayak) pourraient attaquer directement les destroyers américains.
Deux impacts de missiles Kh-31AD avec une ogive de 110 kg suffisent pour mettre hors d’état de nuire la chaîne navale de classe destroyer. Le missile Kh-35 possède une ogive pénétrante de 145 kg. Son effet incendiaire à fragmentation assure la destruction fiable d’un destroyer. L’ogive possède une coque solide avec des parois relativement épaisses, ce qui permet de percer la carcasse d’un navire pour exploser à l’intérieur, causant ainsi le plus de dégâts possibles.
En outre, des systèmes antinavires Bastion d’une portée de 300 km ont été déployés en Syrie. Il est peu probable que les destroyers américains se mettent à la portée des Bastions, mais néanmoins il ne faut pas complètement exclure la possibilité d’un tir contre les destroyers américains avec des missiles antinavires.
C’est la Maison blanche qui pousse instamment le Kremlin à entreprendre des démarches radicales. Et la responsabilité des éventuels incidents dans l’est de la Méditerranée reposera uniquement sur Washington, conclut Gazeta.ru.
Avec sputnik