Après cinq années de purgatoire, les Bourses émergentes relèvent la tête depuis janvier. Un redressement qui devrait se poursuivre, au vu de l’amélioration croissance de la plupart de ces pays.
Le come-back des pays émergents se confirme en Bourse. L’indice MSCI Emerging Markets, représentatif des actions cotées de 23 économies émergentes, affiche une hausse de 15,6 % depuis janvier, contre seulement 2,3 % de progression pour l’indice MSCI World, qui intègre les actions de 23 pays développés. « Sur le long terme, les atouts des marchés émergents restent les mêmes. Ce sont des pays qui offrent une croissance supérieure à celles des pays développés. S’ils continuent de se réformer et que leur gouvernance s’améliore, leur revalorisation devrait se poursuivre », estime Patrick Mange, stratégiste des marchés émergents chez BNP Paribas IM.
Depuis 2008, ces pays ont payé le prix fort du ralentissement de la croissance mondiale et de la chute des matières premières. Mais les temps changent. D’autant qu’avec des taux d’intérêt qui restent à un niveau plancher dans les pays occidentaux, les investisseurs sont prêts à prendre davantage de risques pour obtenir du rendement.
« Stabilisation de l’économie chinoise »
Environ 150 milliards de dollars sont sortis des fonds actions émergentes entre mai 2013 et février 2016. « Les flux d’investissements font le marché : tant qu’ils étaient négatifs, il était impossible pour les marchés émergents de repartir. Depuis deux mois, on compte 20 milliards de collecte », révèle Michel Audeban, directeur général de Gemway Assets.
Depuis l’été 2011, la performance des marchés émergents reste néanmoins inférieure de 50 % à celle des Bourses des pays développés. En cause : la baisse de la rentabilité des entreprises de ces pays, qui a plombé leur cours de Bourse. Un recul lié aux difficultés économiques des Etats-Unis et de l’Europe, leurs principaux clients. « Sur ce plan également, la situation paraît assainie. Les derniers résultats semestriels publiés par les entreprises émergentes ont montré une nette amélioration », poursuit M. Audeban.
Ce professionnel n’est pas le seul à parier sur un retour en grâce de la galaxie émergente. « Nous observons une amélioration indéniable des fondamentaux économiques de ces pays », insiste Alain Zeitouni, directeur de la gestion chez Russell Investments. En 2016, la croissance moyenne de leur PIB devrait êtresupérieure de 2 % à celle des pays développés, selon le cabinet Oxford Economics.
« Sur fond de stabilisation de l’économie chinoise et de reprise du cours des matières premières, les marchés émergents sont ceux qui réalisent les meilleures performances depuis le début de l’année », note Didier Saint-Georges membre du comité d’investissement de Carmignac, qui a renforcé en août son exposition sur ces pays.
Placement le plus performant
Avec un gain de 16,8 %, les actions émergentes sont même le placement le plus performant depuis janvier, toutes classes d’actifs confondues, derrière l’immobilierphysique (+24,6 %) et devant les actions asiatiques, hors Japon (+16,13 %), selon les statistiques de Morningstar à fin septembre. « Sur le plan géographique, les marchés émergents représentent notre plus forte pondération », affirment les analystes de Candriam. D’autres gestionnaires, et non des moindres, comme BlackRock, Pictet ou La Française, sont aussi revenus en force sur les émergents.
Reste que sélectionner les secteurs les plus porteurs et les titres les plus prometteurs est un exercice particulièrement difficile dans un univers où les informations financières sont rares en comparaison des standards occidentaux. « Le principal thème d’investissement de notre fonds consiste à tirer profit de l’enrichissement des classes moyennes, qui achètent de plus en plus de produits technologiques. Nous parions aussi sur la hausse de la demande pour les produits d’épargne à travers American Insurance Asia ou Ping An Insurance, le deuxième assureur chinois », dit M. Audeban, qui s’intéresse aussi aux grandes sociétés internationales liées aux émergents, mais non cotées sur ces marchés, comme Hermès.
Parmi les sociétés plébiscitées par ce gérant, Tencent, le Facebook chinois, se place parmi les dix premières capitalisations mondiales et vient de dépasser China Mobile à la Bourse de Shanghaï.
Mais tous les pays émergents ne sont pas logés à la même enseigne. Dans un univers aussi disparate, les gérants doivent faire montre d’une grande sélectivité. C’est pourquoi les performances varient énormément d’un fonds à l’autre. Le meilleur fonds « actions émergentes » depuis le début de l’année est Credit SuisseIndex Fund Equities Emerging Markets (+38 %), alors que les moins bons accusent des reculs de 12 % à 13 %. La moyenne de la catégorie se situe à 16,7 % depuis janvier, selon Morningstar.
avec lemonde