L’Apple Store sur la 5e Avenue à New York, le 17 juin 2015
afp.com/Eric Thayer
C’est la saison des résultats trimestriels et, pour Apple, les finances sont au beau fixe. Hélas, la compagnie la plus riche du monde ne s’engraisse pas encore assez vite au goût de Wall Street, qui a fait plonger le titre de quelque 7%.
Ceux qui rêvent, depuis des lustres, de voir enfin Apple tomber de sa branche auraient tort de se fier aux récents cours de bourse. Car non, les résultats trimestriels d’Apple ne sont pas aussi “pourris” que ne le laisse supposer la réaction des marchés. Dans la nuit de mardi à mercredi, Tim Cook, le patron de la marque à la pomme, sans doute dubitatif, a vu son titre plonger de quelque 7% dans les échanges électroniques d’avant séance. Sa faute: avoir affiché un bénéfice net trimestriel record… mais en ayant vendu moins d’iPhones qu’espéré (47,5 millions contre un peu moins de 49), et en omettant de dévoiler les ventes de l’Apple Watch, que beaucoup imaginent décevantes.
Tim Cook s’attendait-il à une telle réaction des marchés?
REUTERS/Robert Galbraith
Résultat des courses, dans la soirée de ce mardi, 51 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont envolés. Mais que les Newton en herbe se rassurent, Apple demeure, d’assez loin, l’entreprise la plus riche du monde. Voici dix chiffres qui montrent que cette pomme-là n’est pas prête de leur tomber sur la tête.
Microsoft=Apple/4
A l’échelle d’Apple, 10 petits milliards n’ont peut être l’air de rien, mais pour un deuxième trimestre, ce bénéfice net constitue tout simplement un nouveau record. S’il fait pâle figure face au 18 milliards affichés l’hiver dernier au terme du quatrième trimestre, ces 38% d’augmentation par rapport à la période avril-juin 2014, laissent augurer d’un noël encore joyeux cette année. A titre de comparaison, Microsoft a engrangé 12,2 milliards de profits… mais sur l’ensemble de son exercice annuel. Côté chiffre d’affaires, le progrès est tout aussi outrancier: Apple s’offre un bond en avant de 33%, à 49,6 milliards de dollars sur 3 mois. Soit la moitié de ce que réalise Microsoft sur l’ensemble de l’année.
Problème de riche
La conséquence immédiate de cette bonne nouvelle, pourtant mal reçue par les marchés, est que la firme de Tim Cook a plus que jamais des problèmes de riches. Son trésor de guerre franchit pour la première fois la barre des 200 milliards de dollars (202,8, précisément). C’est ce qu’a confirmé ce mardi son directeur financier Luca Maestri. Mais que va bien pouvoir faire Apple de tout cet argent? Sans doute pas éponger les deux tiers de la dette grecque, même si c’est désormais à sa portée. Autre problème: près de 90% de ce trésor est bloqué à l’étranger. Son rapatriement risque de lui coûter beaucoup d’argent.
La vrai-fausse déception iPhone
C’est le coeur de la déception à Wall Street: ces trois derniers mois, Apple n’a écoulé “que” 47,5 millions d’iPhones, tous modèles confondus. C’est 1,5 million de moins que le consensus des analystes à la fin de l’hiver. Mais c’est tout de même 35% de progression sur un an. Tim Cook ne s’est d’ailleurs pas privé de rappeler, à raison, que ses ventes continuent de croître “trois fois plus vite que le marché global des smartphones”. D’après le big boss, et cela ne gâche rien, c’est principalement sur le dos d’Android que s’opère cette progression des positions d’Apple.
iTunes, la petite bête qui monte
Si la progression des ventes d’iPhones a déçu les plus exigeants, ce n’est pas le cas du mystérieux poste “services” qui recouvre notamment le périmètre d’iTunes. Dans cette catégorie, Apple engrange désormais quelque 5 milliards de dollars, soit environ 10% de son chiffre d’affaire trimestriel. Cela peut sembler anodin, mais iTunes et les services annexes talonnent désormais le segment Mac (les ordinateurs qui représentent encore 12% du chiffre d’affaires) et dépassent surtout les ventes d’iPad, qui comptent “seulement” pour 9% des ventes de la marque.
Cook met le paquet sur la Chine
Si Apple est toujours très en retard en Chine sur ce qu’il réalise ailleurs dans le monde à population comparable, la progression de ses ventes dans l’Empire du Milieu atteint 112% sur la période. Voici un an, les équipes de Tim Cook grappillaient péniblement 6 petits milliards de dollars au pays de la contrefaçon. Un an plus tard, ce montant grimpe à 13,2 milliards. C’est plus qu’en Europe (10,3 milliards) toutes proportions gardées. A ce train-là, ce sera bientôt aussi bien qu’aux Etats-Unis (20,2 milliards). Dans ces conditions, aucune raison donc de faiblir l’effort sur le marché chinois et Apple, qui compte désormais quelque 456 boutiques à travers le monde, s’apprête à inaugurer son 20e Apple Store chinois. Ce sera le 30 juillet prochain. Selon Tim Cook, le chiffre aura doublé d’ici 2016 pour atteindre 40 implantations.
N°1… en Corée?
Dans l’électronique grand public, on est traditionnellement prophète en son pays. Cela aura, à tout le moins, longtemps été le cas du principal concurrent d’Apple, Samsung, dans sa Corée du Sud natale. Mais à en croire certains analystes, ce sera prochainement de l’histoire ancienne. D’après le cabinet CounterPoint Research, la firme de Cupertino était déjà, en début d’année, dans un mouchoir de poche avec Samsung au Pays du Matin Calme.
La marque coréenne serait passé de 59% à 46% de parts de marché en fin d’année 2014. Tandis qu’Apple renforçait considérablement sa position de n°2 à quelque 33%. Au deuxième trimestre 2015, les mêmes analystes avancent que les ventes d’iPhone ont doublé. Et la marque américaine est bien partie pour réveillonner dans les habits du numéro 1.
Alors, combien de constructeurs occidentaux sont-ils capables de “taper” les Coréens sur leur propre terrain? Illustration.
afp.com/Justin Sullivan
Une marge toujours (plus) monstrueuse
Pendant ce temps là, la marge nette de la pomme est toujours en hausse (à 39,7%), alors qu’elle affichait déjà, avec une certaine indécence, quelque 39,4% voici un an. La progression est faible, mais rapportée au monstrueux chiffre d’affaires de la boite la plus riche du monde, on parle encore en points de PIB. Pour le seul iPhone, la marge brute friserait désormais les 50%.
Apple Watch, 1 milliard tout rond?
Enfin, si Apple ne communique pas officiellement sur ses ventes d’Apple Watch, un produit balbutiant, certains s’aventurent déjà à l’extrapoler. La montre signée Tim Cook est comprise dans le poste “autres produits” d’Apple. Et celui-ci affiche 2,6 milliards de chiffre d’affaires, soit un de plus que l’an dernier à pareille époque. Sibyllin, le directeur financier de la firme a tout de même glissé que son bracelet connectécomptait pour “largement plus de 100% de cette progression”. A la louche, un milliard tout rond. Comme une vraie montre, et comme le dos de Tim Cook dont on peut parier qu’il connaitra bientôt des jours meilleurs en bourse.
avec l’Expresse l’Expansion