Les conditions de détention effroyables et les cas de torture des personnes arrêtées dans le cadre de cette lutte que le Cameroun mène depuis plusieurs années, en réponse aux agressions subies dans la région de l’Extrême Nord étaient au centre de la conférence de presse donnée ce jour par Amnesty International à l’hôtel la Falaise.
La raison principale est cette loi antiterroriste adoptée par le gouvernement camerounais en décembre 2014. Elle propose des définitions ambigües du terrorisme qui menacent la liberté d’expression. Selon Amnesty International, malgré le fait que le Cameroun soit un état de droit, cette loi est mal appliquée par les forces de sécurité ainsi que les autorités, face à la lutte imposée à notre pays par les terroristes de cette secte dont les membres sont sans foi ni loi, eux qui commettent des exactions sur notre sol, causant des victimes de manière régulière au sein des familles camerounaises résidant dans la région de l’Extrême Nord et de ses environs.
Bien que Alioune Tiné, Ilaria Allegrozzi et Samira Daoud, respectivement Directeur Afrique de l’Ouest et du Centre, Chercheur Afrique Centrale et Directrice campagne Afrique de l’Ouest les membres de Amnesty International reconnaissent les efforts déployés par le gouvernement, surtout qu’une enquête a été prescrite depuis le 7 juillet dernier pour dénoncer et punir les cas de violations recensés sur le terrain et commis par ceux qui sont sensés connaître, promouvoir et défendre l’intégrité de la personne humaine et de ses biens, ils affirment néanmoins que selon les enquêtes menées sur le terrain, plus de mille personnes ont été arrêtées de manière arbitraire, elles sont détenues dans des conditions épouvantables et plusieurs d’entre elles meurent des suites de maladie, de malnutrition ou de torture.
De manière spécifique, à la prison de Maroua, l’on compte huit morts en détention chaque mois, malgré les efforts de rénovation, d’approvisionnement en eau et la construction de nouvelles cellules, les conditions carcérales demeurent inhumaines, avec près de 1500 personnes dans un bâtiment censé en accueillir 350, sans aucun moyen de recevoir les visites des membres de leurs familles.
Pour les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires, les personnes arrêtées par les forces de sécurité le sont sur de minces éléments et parfois visent des groupes entiers ; ce qui vient gonfler les prisons.
Par rapport aux cas de torture des personnes détenues en secret, Amnesty International affirme avoir recueilli des informations sur 29 personnes qui ont été torturées par des membres des forces de sécurité entre novembre 2014 et octobre 2015 ; six ont perdu la vie. Les condamnations à mort sont régulières et, les panélistes ont demandé au gouvernement camerounais d’abolir la peine de mort, rejoignant l’exemple de ces autres pays africains qui l’ont fait.
La phase de questions – réponses a mis en exergue la problématique que pose le respect des droits de l’Homme dans un pays où la guerre a été imposée, des personnes sont recrutées malgré elles, par les membres de cette secte terroriste, des familles entières décimées, des personnes incarcérées sans aucun espoir de recouvrer la liberté, moins encore celui de bénéficier d’un procès équitable…
Mais, Amnesty International, dans le rôle de plaidoyer, de défense des droits de l’homme qui est le sien, appelle le gouvernement camerounais, au-delà de toute considération, d’être intransigeants lorsque les exactions sont commises.
Nicole Ricci Minyem