Il s’en va en renonçant à briguer un deuxième mandat. Mal à l’aise dans son costume face à la caméra dans un discours diffusé en direct sur les réseaux sociaux, et même si les communicants de l’Elysée veulent convaincre que la décision du président français de renoncer à se porter candidat à la présidentielle de 2017 a été « mûrement réfléchie », l’annonce a laissé une impression d’improvisation qui a surpris son entourage jusqu’au spin doctor présidentiel, Gaspard Gantzer. L’annonce a ensuite suscité des réactions mitigées dans l’hexagone entre ceux qui s’y attendaient, ceux qui pensent que le quinquennat Hollande a été sauvé et d’autres qui saluent la « sagesse et le courage » du chef de l’Etat français.
Un effet miroir sur d’autres chefs d’Etat …
Sur le continent, l’annonce du locataire de l’Elysée, tranche étrangement avec la situation politique dans certains pays. Au moment où François Hollande s’avançait vers le pupitre pour annoncer qu’il renonçait à un second mandat, les Gambiens attendaient, dans l’angoisse, le comptage des billes pour savoir si la route du cinquième mandat serait barrée après les 22 ans de règne au fantasque Yahya Jammeh. Comme d’autres pairs africains de l’homme fort de Banjul, l’annonce de François Hollande a dû avoir un effet miroir. Dès lors, la question qui s’est emparée de la twittosphère africaine a son pesant d’or : la décision de François Hollande peut-elle inspirer certains chefs d’Etat du continent ?
Les premiers regards se sont tournés vers la République démocratique du Congo. Au pouvoir depuis bientôt 16 ans, Joseph Kabila Kabange semble avoir acté son maintien au jusqu’en avril 2018 là où son mandat légal devait s’achever le 19 décembre 2016 malgré la contestation populaire et la campagne citoyenne qui veulent l’obliger à céder son fauteuil du Palais de la Nation de Kinshasa. Sur twitter, les Congolais ont vite fait le parallèle entre le maintien de Joseph Kabila et la « sage » annonce de François Hollande qui doit lui servir d’inspiration.
Dans le sillage de l’« héritier du tombeur de Mobutu », son homologue de l’autre côté du Fleuve Congo, Denis Sassou Nguesso qui vient de serrer la vis sur son troisième mandat après un tripatouillage de la constitution, a dû recevoir la renonciation de François Hollande comme une douche froide après ses 32 ans de pouvoir (en cumulé).
… dont les pairs qui cumulent 3 décennies de règne
En tête de la gondole des chefs d’Etat qui devraient prendre exemple sur François Hollande pour annoncer leur retraite politique : l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et l’Angolais José Edouardo Dos Santos. Tous deux cumulent 37 ans au pouvoir (avec un mois d’avance pour Obiang) ce qui fait d’eux les plus anciens chefs d’Etat encore au pouvoir. Obiang Nguema a indiqué, après sa réélection à un septennat en avril dernier qu’il ferait son dernier mandat. Il faudra attendre 2022 pour s’en assurer. Quant au président angolais, il a indiqué qu’il se retirerait de la vie politique en 2018 alors que son mandat prend fin en 2017.
Dans le club des vieux pairs, le Camerounais Paul Biya au pouvoir depuis 34 ans qui maintient le suspense et le silence sur son éventuelle candidature à un… septième mandat ! Egalement dans la même situation, l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui occupe son fauteuil du « State House » même après l’avoir occupé pendant 30 ans. Il se murmure même qu’il préparerait son fils, le général Muhoozi Kainerugaba pour lui succéder.
Après 26 ans, au pouvoir, le Tchadien Idriss Deby Itno qui a été réélu en avril 2016 après ses 26 ans passés au « Palais rose », a dû lire la renonciation d’Hollande à la lumière des bruits de contestation qui gronde dans son pays. Pour compléter cette liste non exhaustive, le doyen des chefs d’Etat du continent, Robert Mugabé qui a soufflé sa 96è bougie en même temps qu’il fêtait ses 28 ans au pouvoir, est le mieux indiqué pour prendre sa retraite pour aller soigner ses rhumatismes.
Sur l’annonce du désistement de François Hollande, le silence est érigé en maître : aucun chef d’Etat du continent ne s’est risqué à commenter l’information. En attendant que les langues délient, la tradition du lâcher prise volontaire n’a pas encore pris racine sur un continent. La renonciation encore moins !