Malgré les vœux de pauvreté de ses prêtres, l’Église Catholique du Mali n’est pas pauvre, loin de là. Selon le quotidien français Le Monde s’appuyant sur les documents SwissLeaks, la Conférence épiscopale du Mali (CEM) détenait sept comptes en Suisse sur lesquels elle avait logé 7 milliards FCFA dont l’origine douteuse.
À peine nommé Cardinal par le pape François, Mgr Jean Zerbo, l’archevêque de Bamako est déjà au centre d’une polémique. Identifiés comme bénéficiaires des comptes en Suisse de la Conférence épiscopale du Mali (CEM), Mgr Jean Zerbo, Mgr Jean-Gabriel Diarra et Cyprien Dakouo vont certainement devoir s’expliquer sur l’origine des 7 milliards FCFA (12 millions d’euros) qui ont transité en 2007 sur ces comptes.
Dans un pays où 51% de la population vit sous le seuil de pauvreté et où seulement 2,4% de la population se revendique comme chrétienne, la détention de 7 milliards FCFA « cachés » en Suisse par la Conférence épiscopale fait tache.
« moi, un compte en Suisse ? Je suis donc riche sans le savoir ! »
Au Mali comme ailleurs en Afrique, l’Église Catholique est réputée être peu transparente sur la gestion des ressources qu’elle collecte auprès des fidèles et parfois auprès des États au point qu’il est souvent impossible d’évaluer son patrimoine.
Ces 7 milliards FCFA rémunérés au taux de 5% que possèdent les évêques du Mali et dont les fidèles chrétiens ignorent l’existence jettent un pavé de la marre. Quelle est l’origine des fonds, qui en sont les bénéficiaires effectifs et surtout comment cette manne financière est-elle utilisée ? Autant de questions auxquelles Mgr Jean Zerbo, Mgr Jean-Gabriel Diarra et Cyprien Dakouo sont désormais appelés à répondre.
Les décisions du Concile Vatican II organisé sous le pape Paul VI engagent le clergé catholique à associer les fidèles à la gestion des ressources de l’Église. En pratique, au Mali et plus largement en Afrique, plusieurs prélats préfèrent l’opacité se cachant parfois derrière le sacré pour éloigner les fidèles laïcs.
Aux journalistes du quotidien Le Monde qui l’ont interrogé sur ces comptes atypiques, Mgr Jean Zerbo a répondu « moi, un compte en Suisse ? Je suis donc riche sans le savoir ! », avant d’ajouter face à l’insistance des journalistes « c’est un vieux compte. Il s’agit d’un système que nous avons hérité de l’Ordre des missionnaires d’Afrique qui géraient l’église ».
Si le nouveau cardinal s’est défendu que le compte lui appartienne à titre personnel, la révélation de l’existence de ces comptes et surtout de ce niveau de dépôt doit alerter les États et les fidèles sur la nécessité de la transparence dans la gestion des ressources financières des lieux de cultes. L’Église, même au nom des saintes écritures, ne peut s’exonérer de la transparence sur les fonds qu’elle reçoit de ses fidèles, souvent eux-mêmes démunis.
Avec africapostnews