Le gouvernement saoudien en ordre de marche pour mettre en œuvre la fin du tout pétrole. Le roi a procédé ce week-end à un remaniement ministériel de grande ampleur. Changement très remarqué au ministère du Pétrole : Khaled el Faleh succède à Ali al Naïmi.
Ali Al Naïmi est resté 21 ans en poste. Il était sans doute le ministre saoudien le plus connu à l’étranger, et peut-être le plus respecté. Au sein de l’organisation des pays exportateurs de pétrole, sa parole vaut de l’or.. noir bien sûr ! Car l’Arabie Saoudite est le seul pays pétrolier qui a les moyens financiers et techniques de régler à volonté le débit du brut pour influencer le marché.
Ce super intendant de la manne pétrolière saoudienne a toujours servi au mieux les intérêts de son pays et ceux des consommateurs de pétrole en intervenant quand le baril devient trop cher ou trop bon marché. Son successeur Khaled el Faleh s’est voulu rassurant : le royaume a-t-il déclaré hier, continuera à jouer son rôle de stabilisateur.
Les observateurs comme les acteurs du marché en doutent, c’est le cas des Iraniens.
Le pétrole n’est-il pas en train de devenir une matière première très politique s’interroge l’un des dirigeants de l’administration pétrolière iranienne. Cette question vise directement Mohamed Ben Salmane, le prince héritier du royaume saoudien, l’homme des réformes économiques. En novembre il a fait capoter l’initiative prise par Ali Al Naïmi pour faire remonter les cours en refusant que l’Arabie ne gèle sa production sans que l’Iran, son ennemi numéro un, n’en fasse autant. Avec cette intervention Mohammed Ben Salmane a sifflé la fin du règne d’Ali al Naïmi. Eviter tout usage politique du pétrole a toujours été l’un des principes de ce technocrate. La vision du prince est toute autre. Il semble bien déterminé à employer l’arme du pétrole à sa guise, sans grand égard pour les autres membres du cartel pétrolier.
Sur le plan interne quelle est la mission du nouveau ministre du Pétrole ?
Sa feuille de route : mettre la Saudi Aramco, l’entreprise pétrolière nationale qu’il dirige d’ailleurs depuis 6 ans, au service des réformes. 5% de son capital sera vendu pour abonder le super fonds d’investissement créé pour financer la sortie du tout pétrole. Il fallait un homme nouveau pour réaliser cette tâche, car Ali Al Naïmi, aujourd’hui âgé de 81 ans, a été au contraire le gardien du temple, celui qui a consolidé la poule aux œufs d’or en accompagnant la nationalisation de la compagnie qu’il a lui aussi longtemps dirigée. Le portefeuille de Khaled el Faleh est plus large que celui de son prédécesseur, il comporte l’industrie et les ressources minières, ce qui confirme la volonté de mener à bien la mutation de l’économie saoudienne.
Khaled El Faleh est en quelque sorte voué à programmer la fin du secteur qu’il dirige ?
La sortie du tout pétrole sera une réalité dès 2020 a promis le mois dernier le prince Mohammed Ben Salmane. Un objectif irréaliste pour la plupart des observateurs, tant les obstacles socio-économiques, politiques, voire religieux, sont nombreux et difficiles à surmonter. La Saudi Aramco fournit encore 70% de son budget à l’Etat, il est donc difficile de s’en passer en si peu de temps. Elle pourrait dans l’immédiat servir de modèle au gouvernement soucieux de rendre l’économie plus efficace. Car c’est la seule administration performante de ce pays.
Avec Conakry Time