Branle-bas de combat au G20. Les puissants de ce monde, réunis dans la cité chinoise de Hangzhou, ont donné l’alarme : la croissance fiche le camp et les peuples sont de plus en plus tentés par le repli. « La croissance a été trop faible pendant trop longtemps et pour trop peu de gens », a résumé Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international. Le vote britannique en faveur de la sortie de l’Union européenne a réveillé les plus indécis. Fini les discours lénifiants sur la nécessité des politiques d’austérité. Même le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, ancien banquier de Goldman Sachs, a fait acte de contrition en affirmant qu’il fallait« civiliser le capitalisme ».
D’où l’appel unanime des gouvernants en faveur d’une relance par l’investissement public. Le communiqué final reconnaît explicitement que la politique accommodante des banques centrales a atteint ses limites. Elle est de moins en moins efficace, cap donc à nouveau sur les grands travaux et les plans de relance.
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Réduire l’endettement
Ce ne sera pas si facile, car, justement, la faible croissance actuelle ne donne pas vraiment de marge de manœuvre à la plupart des Etats. Elle ne leur permet pas de réduire leur endettement, et a fortiori de s’endetter davantage. C’est un peu la situation de la France, qui n’a de leçon à recevoir de personne en matière de dépense publique. D’ailleurs, elle continue de parler de plans d’investissement en dépit de sa situation financière délicate. François Hollande entend mettre sur pied un nouveau plan autoroutier avant son départ. Une urgence tout électorale qui a de plus l’avantage de se financer non sur les deniers de l’Etat, mais sur les péages qui seront mis en place par les constructeurs.
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Mais, évidemment, ce n’est pas avec ce genre d’astuce ni avec un énième plan de relance japonais que l’on va faire repartir la croissance mondiale. Alors les regards se braquent sur les deux grands pays les plus pingres en la matière, les Etats-Unis et l’Allemagne. Comme le rappelle le financier Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement de Carmignac Gestion, les dépenses publiques de construction aux Etats-Unis en pourcentage du PIB sont à un plus bas depuis plus de quarante ans, au moment où l’investissement et la croissance ralentissent sérieusement. D’où la promesse de la candidate démocrate à la présidentielle américaine, Hillary Clinton, d’engager, si elle est élue, un plan d’investissement public de 275 milliards de dollars (246 milliards d’euros). Vu l’état catastrophique des routes et des ponts dans le pays, ce ne sera pas duluxe.
Même attente en Allemagne, qui dispose de surcroît d’un surplus budgétaire de 18,5 milliards d’euros. La défaite électorale infligée le week-end dernier à la chancelière Angela Merkel la poussera-t-elle à desserrer les cordons de sa bourse ? Ce serait un bol d’air pour toute l’Europe et le grand test de cette rentrée : le passage de témoin d’une politique monétaire exsangue à une politique budgétaire que l’on souhaite la plus intelligente possible. Il n’est pas interdit de rêver.
avec lemonde