L’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé une nouvelle fois lundi les autorités congolaises à exhumer les corps d’une fosse commune découverte près de Kinshasa, afin de faire la lumière sur l’identité des personnes qui y sont ensevelies.
« Les autorités de la République démocratique du Congo devraient sans tarder […] exhumer les corps enterrés » dans la fosse commune de Maluku, à environ 80 km au nord-est de la capitale de la République démocratique du Congo, écrit HRW dans un communiqué.
Selon les autorités, la fosse de Maluku abrite 421 corps : des fœtus, des enfants mort-nés, ou encore des « indigents », enterrés de nuit en mars pour désengorger la morgue centrale de Kinshasa.
La découverte de cette fosse commune en avril avait alimenté des rumeurs selon lesquelles celle-ci pourrait abriter des victimes des troubles de janvier. Plusieurs dizaines de personnes avaient alors été tuées – essentiellement à Kinshasa – lors de manifestations contre un projet de révision de la loi électorale.
L’Union européenne, l’ONU, l’opposition et de nombreuses associations de défense de droits de l’Homme, congolaises et internationales, avaient emboîté le pas et demandé une enquête « crédible » sur les morts de Maluku.
Pour HRW, « les familles de victimes de violations des droits humains ont le droit de savoir si leurs proches sont parmi les personnes ensevelies dans cette fosse. »
Interrogé en conférence de presse sur l’appel de l’ONG, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a déclaré : « Si le magistrat [chargé de l’affaire] estime que l’exhumation est nécessaire, [il] le demandera ».
« Nous rejetons […] les prétentions de HRW à se substituer à la justice », a-t-il ajouté.
En visite à Kinshasa, un haut responsable du département américain chargé des droits de l’Homme, Tom Malinowski, ancien de HRW, avait exhorté jeudi les autorités congolaises à exhumer les corps de Maluku.
La RDC est sous tension à l’approche d’une série d’élections devant s’achever par la présidentielle de 2016.
La Constitution interdit au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se présenter à ce scrutin mais l’opposition soupçonne le chef de l’État de chercher à tout faire pour se maintenir en poste au-delà du terme de son mandat.
Depuis les violences de janvier, plusieurs opposants ou militants de la société civile ont été arrêtés. Leurs proches dénoncent des arrestations arbitraires, ce que conteste vigoureusement le pouvoir.
AFP