Toujours aussi controversée en RDC, l’utilisation de la machine à voter fait aussi l’objet de vives critiques en Argentine, où les autorités avaient tenté d’introduire un système similaire en 2016.
La machine à voter fait aussi parler d’elle de l’autre côté de l’Atlantique. Plus exactement en Argentine, où les autorités avaient un temps imaginé de recourir aux machines de la société sud-coréenne Miru Systems – celle-là même qui a été sollicitée par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Adressée à la société civile congolaise, une missive signée par les ONG Fundación Vía Libre et Poder Ciudadano – la branche argentine de Transparency international – met en garde contre l’utilisation de cet outil présenté par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) comme incontournable pour organiser les élections en temps et en heure.
Le précédent argentin
« Nous connaissons parfaitement l’initiative dans la mesure où notre gouvernement avait souhaité acquérir en 2016 les mêmes dispositifs fournis par Miru Systems », affirme le texte, également signé par des spécialistes en sécurité informatique.
En juillet 2016, une délégation de la société sud-coréenne s’était effectivement rendu à Buenos Aires pour offrir ses services aux autorités argentines, qui avaient pour ambition d’introduire un système de vote électronique en vue des prochaines élections législatives.
Mais l’initiative a fait long feu suite à la levée de boucliers d’une société civile sceptique sur la capacité de ce mode de scrutin à préserver l’intégrité du vote. Certains activistes avaient notamment prouvé qu’il était possible de falsifier les bulletins de vote électronique, grâce à une simple application sur téléphone mobile – visible sur la vidéo ci-dessous en espagnol.
Une faille du système causée par la présence au sein des bulletins d’une puce électronique de type RFID, qu’il serait aisé de « hacker » avec peu de moyens. Du côté de la Ceni, on assure que les machines commandées ne comportent pas cette puce, jugée « trop chère », qui aurait été remplacée par un code QR.
La technologie la plus efficace ? « Le bulletin papier »
« Mais les codes QR sont également problématiques, assure à Jeune Afrique Javier Smaldone – signataire de la règle, programmeur et spécialiste en systèmes de votation électronique. Car l’électeur ne peut pas savoir ce que contient ce code. Il est par exemple tout à fait possible que celui-ci permette d’identifier le votant, ce qui reviendrait à compromettre le secret du vote. »
Que ce soit en RDC ou en Argentine, les ONG et activistes estiment qu’il s’agit d’un « système de vote électronique et est donc soumis aux mêmes menaces et risques que tout système de vote par un ordinateur ».
« Il n’existe aucun système de ce type dans le monde qui permet de préserver correctement les trois aspects fondamentaux du vote : le secret du vote, l’intégrité de l’élection et la transparence du système », estiment-ils, avant de conclure que « la technologie la plus éprouvée et efficace pour l’acte électoral (reste) le bulletin de vote unique de papier » .
Avec jeuneafrique