Le Rassemblement, principale plateforme de l’opposition congolaise, a appelé samedi à des manifestations à travers le pays pour avertir le président Joseph Kabila de la fin imminente de son mandat. Mais les forces de l’ordre ont empêché le regroupement d’opposants dans plusieurs villes.
À Lubumbashi, deuxième ville du pays où les manifestations politiques publiques sont interdites depuis près d’un an, des manifestants qui tentaient de rallier un meeting du Rassemblement, ont été interpelés violemment par des militaires.
Globalement, les activités ont tourné au ralenti en raison de la présence massive des policiers et des militaires des Forces armées de la RDC, selon un correspondant de l’AFP.
Des résidences d’opposants attaqués
La police a empêché par ailleurs Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président du Rassemblement dans l’ex-Katanga, de rejoindre le lieu prévu du meeting. Et les résidences privées de Charles et Christian Mwando, deux cadres du regroupement politique, ont été attaquées à coup des pierres à Lubumbashi par un groupe des jeunes non identifiés.
À en croire Christian Mwando, ancien ministre provincial des Finances, l’assaut s’est déroulé en présence de deux jeeps de la police.
Avant d’être dispersés, « ces gens ont eu le temps de saccager ma résidence, véhicules et vitres [cassés]. Après, ils sont allés à la résidence de mon père, Charles Mwando, président du G7 [plateforme qui soutient Moïse Katumbi, ndrl]. Il sont entré dans la maison et l’ont saccagé. Ils ont également saccagé des véhicules et sont partis en promettant de revenir. Entretemps, le voisinage a pu mettre la main sur un policier qui faisait partie du groupe [des assaillants] et sur une personne qui se dit être vendeur du carburant », a raconté Christian Mwando à Radio Okapi.
17 personnes arrêtées pour avoir porté des t-shirts jaunes
La police a été déployée dans plusieurs quartiers de Lubumbashi pour empêcher le rassemblement d’opposants. Selon le Bureau du haut-commissariat des droits de l’homme en RDC, les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations des personnes qui portaient des t-shirts jaunes.
Le Rassemblement avait demandé à ses partisans de descendre dans les rues pour infliger au chef de l’État un deuxième « carton jaune ». Une façon d’avertir Joseph Kabila de la fin imminente de son second mandat.
Le « compte à rebours » est déclenché
À Kinshasa, le meeting d’Étienne Tshisekedi a été également empêché par les forces de l’ordre. Mais l’opposant historique a pu faire une déclaration dans sa résidence par Kabund-A-Kabund, secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Le Rassemblement de l’opposition a ainsi déclaré avoir « déclenché samedi le compte à rebours de la fin du mandat de M. Kabila qui interviendra le 19 décembre à minuit », selon un communiqué signé par Étienne Tshisekedi, tout en dénonçant « l’interdiction générale et absolue des manifestations publiques décidée par les autorités ».
Manifestations dispersées à Goma et à Bunia
À Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, tôt le matin du samedi, une vingtaine de manifestants qui avaient placé des barricades sur une grande artère ont été dispersés par la police à coups de gaz lacrymogènes, selon le correspondant local de l’AFP.
À Bunia, dans le nord-est, le mouvement citoyen Filimbi a organisé samedi à midi l’opération «Piga Filimbi » [sifflez, en swahili] pour rappeler la fin du mandat de Joseph Kabila en décembre. Mais des manifestants ont rapidement dispersés par la police. Un militant de Filimbi a été arrêté.
Avec jeuneafrique