Trente-neuf cas de personnes infectées et un risque de propagation de l’épidémie d’Ebola dans les autres provinces de la RDC et même dans les neuf pays voisins. L’OMS veut éviter ce scénario apocalyptique en s’appuyant sur le dispositif de riposte à la maladie. A la fin d’une visite de deux jours à Bikoro, foyer de l’épidémie, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le DG de l’OMS a annoncé une solution pour contrer l’épidémie : l’expérimentation d’un vaccin anti-Ebola.
Les premières doses devraient parvenir à Bikoro, foyer de l’épidémie dans le nord-ouest de la RDC, « mercredi ou jeudi ». L’annonce est de Tedros Adhanom Ghebreyesus. «Nous en avons assez [de vaccins à mettre à disposition de la RDC] ».
4000 doses d’un vaccin expérimental
Le Directeur Général de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) venait d’achever une visite de deux jours dans le pays au cours de laquelle il a rencontré le président congolais Joseph Kabila et Oly Ilunga Kalenga, son ministre de la Santé.
Tedros Ghebreyesus s’est aussi rendu à Bikoro , à seulement 150 km de Mbandaka, capitale de la province de l’Equateur. Le risque de voir le virus se répandre dans les agglomérations urbaines et de là, gagner les autres provinces et même les neuf voisins de la RDC, avait fait craindre un « pire des scénarios » à l’OMS.
Selon un bilan fourni par l’OMS, 39 cas d’Ebola ont été signalés dans la région au cours des cinq dernières semaines, dont 2 confirmés, 20 probables (dont 18 mortels) et 17 soupçonnés. Pour contrer la menace d’une rapide propagation, quelque 4.000 doses d’un vaccin expérimental contre Ebola devront être acheminées dans la province de l’Equateur pour amorcer la riposte sanitaire.
L’équation du financement
«VSV-ZEBOV», c’est le nom de code de ce vaccin mis au point, fin 2016 par le Laboratoire national de microbiologie du Canada et produit par la firme pharmaceutique américaine Merck & Co. Le vaccin a reçu le blanc-seing de l’OMS qui l’estime «efficace jusqu’à 100%»-en réalité entre 70 et 100% selon les cas.
Administré par une injection intramusculaire, le VSV-ZEBOV aurait des vertus préventives sur des personnes non infectées mais aussi une action curative sur des porteurs de la fièvre hémorragique Ebola. Le VSV-ZEBOV avait été expérimenté en Guinée pour des résultats concluants.
La même expérience devrait donc être reconduite en RDC pour contrer un début d’épidémie d’Ebola qui fait planer le spectre d’une panique généralisée en Afrique centrale, en Afrique de l’Est et même au-delà. Première manifestation, le Nigéria a déjà pris des mesures strictes de contrôle de tous les voyageurs en provenance de la RDC et des pays voisins.
Pour autant l’équation embrouillée à résoudre reste le financement. Jusque-là, l’OMS n’a pu débloquer que 2,6 millions de dollars pour un fonds d’urgence destiné à stopper la progression de l’infection. Il en faudrait 18 millions de dollars pour une période de trois mois pour éviter à la RDC, à l’Afrique et au monde entier, un « scénario catastrophe» !
Avec latribune