L’accueil est volontairement bruyant, à la limite chahuteur. Bruno Tshibala, le nouveau Premier ministre de la RDC, a été accueilli lors de son investiture à l’Assemblée nationale au son de vuvuzela et de sifflets. Un baptême de feu particulièrement perturbé qui a fait oublier ses promesses à la tribune et entacher sa légitimité. La crise politique en RDC est loin de connaître son épilogue.
Bronca inattendue au Palais du Peuple à Kinshasa ! Alors qu’il faisait son entrée à l’Assemblée nationale pour son investiture, Bruno Tshibala, le Premier ministre nommé le 8 mai, a été surpris par un accueil plutôt inhabituel. En embuscade, des députés du Rassemblement de l’opposition l’ont reçu au son de huées, de sifflets et de vuvuzela.
Chahut et politique de la «chaise vide»
Le coup de force du Rassemblement est allé même jusqu’à l’introduction d’une motion de censure pour faire tomber Bruno Tshibala dont on conteste la légitimité en mettant avant sa nomination contraire à l’accord de la Saint-Sylvestre. Motion de censure rejetée par un hémicycle acquis à la majorité présidentielle.
Le baptême de feu du successeur de Samy Badibanga a d’autant été gâché que son ancienne famille politique a claqué la porte de l’Assemblée nationale, au moment où il s’apprêtait à rejoindre la tribune pour prononcer son discours d’investiture. L’exercice du chef de gouvernement a été impacté par ces différents incidents au point que le «baptisé» a allègrement bafoué les règles de protocole.
Bruno Tshibala, ancien secrétaire général adjoint de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et ancien bras droit du défunt Étienne Tshisekedi, a donc prêté serment dans un contexte politique tendu. A sa nomination fin mai, il venait d’être radié de l’UDPS pour avoir créé un mouvement dissident à l’intérieur de la formation politique.
Tshibala succède à Samy Badibanga, à ce jour Premier ministre le plus éphémère de la RDC (4 mois et 21 jours), dissident du même parti que son prédécesseur et nommé Premier ministre selon un accord signé le 31 décembre 2016. Ce dernier est destiné à régler la crise politique née du refus de Joseph Kabila de quitter le pouvoir après l’expiration de son second et dernier mandat.
Incertitudes sur l’organisation des élections
La contestation du gouvernement Badibanga (54 membres) avait conduit le président congolais à nommer un nouveau Premier ministre pour respecter les termes de l’«arrangement particulier» auquel avait été soumis l’accord de cogestion du pays pour la tenue des élections en 2017.
Pour l’heure, sans calendrier électoral défini et avec un enrôlement des électeurs compromis dans les Kasaï, cette perspective semble lointaine, malgré l’engagement de Bruno Tshibala d’«organiser les meilleures élections de l’histoire de la RDC, dans les délais convenus», lors de son discours d’investiture.
Avec son équipe élargie à 60 ministres, Bruno Tshibala doit d’abord se pencher sur la présentation de son budget 2017 qui devrait permettre de résorber la crise économique, mais aussi sur la mobilisation de plus de 500 millions de dollars pour organiser les élections. Une tâche titanesque qui risque de se heurter aux manœuvres de la majorité pour retarder les élections.
Avec latribune