Joseph Kabila, président de la RDC, le 25 septembre 2014 à New-York. © Stan Honda/AP/SIPA
Depuis 2003, la famille Kabila a mis en place un empire qui couvre un nombre considérable de domaines, selon une enquête de “Bloomberg”. Cette emprise très rémunératrice sur l’économie du pays expliquerait les réticences du président à quitter le pouvoir, estime l’agence.
Le président congolais Joseph Kabila, qui devrait remettre son poste en jeu d’ici quelques jours, s’est constitué avec sa famille un empire économique très lucratif, estime Bloomberg ce 15 décembre.
« Ensemble, les Kabila ont bâti un réseau d’entreprises qui s’étend dans tous les secteurs de l’économie congolaise et qui a rapporté des centaines de millions de dollars à leur famille », écrit l’agence dans une enquête publiée à cinq jours de la fin officielle du mandat du chef de l’État.
Cette publication est le résultat d’un travail d’un an sur le réseau d’affaires de la famille présidentielle, réalisé par trois journalistes qui se sont appuyés sur plusieurs dizaines d’interviews et des milliers de documents d’entreprises et de rapports judiciaires.
Depuis 2003, la famille Kabila « a mis en place un réseau international d’affaires » avec des participations dans « 70 entreprises au moins », écrivent-ils.
Joseph Kabila, « sa femme, ses deux enfants et huit de ses frères et sœurs contrôlent ainsi plus de 120 permis d’extraction d’or, de diamants, de cuivre, de cobalt et d’autres minerais » en RDC.
De la banque aux boîtes de nuit
L’empire familial s’étend aussi dans la banque, l’agriculture, la distribution de carburant, le transport aérien, la construction de route, l’hôtellerie, la fourniture de produits pharmaceutiques, le secteur des agences de voyages, le commerce et les boîtes de nuits.
Les auteurs de l’enquête évoquent également des entreprises installées au Congo, mais aussi aux États-Unis, à Panama, en Tanzanie et sur l’île de Niue, paradis fiscal du Pacifique.
L’ampleur de ces intérêts économiques « pourrait aider à comprendre la raison pour laquelle le président ignore les appels des États-Unis, de l’Union européenne et d’une majorité de Congolais à rendre son pouvoir la semaine prochaine », estime encore l’agence.
Joseph Kabila a été élu président en 2006 et réélu en 2011 lors d’un scrutin entaché de fraudes massives. Son mandat s’achève le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter, mais en l’absence de la tenue de la présidentielle dans les temps, le chef de l’État compte se maintenir en poste au-delà de cette date.