La compagnie nationale des mines de la RDC indique ne pas avoir été consultée préalablement à l’annonce de la cession par l’américain Freeport-McMoran de la mine de cuivre de Tenke Fungurume Mining, dont elle détient 20 %.
L’annonce, hier, par le groupe américain Freeport-McMoran de la conclusion d’un accord définitif avec China Molybdenum pour la vente de sa participation majoritaire dans la mine de Tenke Fungurume Mining, dans le sud-est de la RD Congo, fait déjà des vagues.
Dans un communiqué parvenu à Jeune Afrique ce mardi, la compagnie nationale minière de la RD Congo, la Gécamines s’étonne d’avoir appris cette cession « par les médias ».
L’entreprise commerciale (de droit privé, son capital est toutefois détenu par l’État) indique n’avoir eu « aucun contact » avec Freeport-McMoran et l’acquéreur « quant à l’exercice de ses droits et aux nouvelles conditions d’exploitation du projet ».
Aussi, la Gécamines, qui assure la gestion des participations de l’État congolais dans le secteur minier, a décidé « de faire examiner par ses conseils les termes annoncés de l’opération au regard de ses droits en vertu des accords la liant directement ou indirectement à Freeport-McMoran ».
Holding aux Bermudes
L’accord de cession, d’une valeur initiale de 2,65 milliards de dollars, annoncé par Freeport-McMoran porte spécifiquement sur sa participation de 70 % dans TF Holdings. Ce holding, qui contrôle 80 % de la mine de Tenke Fungurume Mining, est immatriculé aux Bermudes. Son deuxième actionnaire, aux côtés de Freeport-McMoran est le groupe minier canadien Lundin Mining Corporation.
Aussi, Freeport-McMoran détient-il une participation effective de 56 % dans Tenke Fungurume Mining S.A., contre 24 % pour Lundin Mining et 20 % pour la Gécamines.
Freeport McMoran a acquis sa participation dans Tenke Fungurume Mining S.A., en rachetant en 2007 son rival américain Phelps Dodge Corporation (rebaptisé Freeport McMoran Copper and Gold Inc.).
Contactée par Jeune Afrique, la direction de la Gécamines n’a pas répondu à nos requêtes concernant les clauses du pacte d’actionnaires relatives aux cessions de leurs parts.
Le dernier document disponible publiquement [PDF]concernant le pacte d’actionnaires de Tenke Fungurume Mining S.A. accordait à chacun d’entre eux un droit de préemption sur toutes les actions que l’un d’eux souhaite céder.
Dans son communiqué, la Gécamines laisse entendre sa volonté de faire jouer une telle clause, et indique qu’elle « fera valoir ses droits, comme elle l’a fait ces dernières années à l’occasion de décisions unilatérales de retrait de ses partenaires par des tentatives de cessions indirectes du contrôle des sociétés communes à des entités tierces ».
Lunding Mining informé
Si, selon ses dires, la Gécamines n’a pas été informée directement de la décision de Freeport-McMoran, tel ne semble pas le cas de l’autre actionnaire du projet, Lundin Mining Corporation.
Dans un communiqué en anglais publié dès hier sur son site internet, le groupe minier canadien indique « prendre note » de l’annonce de son partenaire américain.
Lunding Mining affirme toutefois disposer d’un « droit de première offre (right of first offer – ROFO) sur toute opération de changement de contrôle de Tenke […] qui est valable 90 jours à compter de la réception de l’avis de ROFO et restera ouvert jusqu’au 8 août 2016 ».
Le groupe coté à la Bourse de Toronto indique être « actuellement dans le processus d’examen de l’avis formel de ROFO qui a été reçu de Freeport », après quoi, il « évaluera attentivement toutes les options au sujet de sa participation dans Tenke et informera les marchés en temps opportun ».
Opérations
Située à environ 175 kilomètres de Lumumbashi, le gisement minier de Tenke Fungurume Mining S.A. couvre une surface de 1 500 kilomètres carrés et décèlerait environ 136 millions de tonnes de minerais, d’une teneur en cuivre de l’ordre de 2,7 %.
En 2015, Freeport-McMoran a vendu 467 millions de livres de cuivre (environ 212 000 tonnes) et 35 millions de livres de cobalt, extraites de la mine de Tenke Fungurume Mining, au prix moyen de 2,42 dollars par livre de cuivre et de 8,21 dollars par livre de cobalt.
Depuis le démarrage du projet en 2006, l’entreprise minière indique avoir versé un montant total d’environ 1,45 milliard de dollars en « impôts et autres paiements connexes » au Trésor public de la RD Congo, dont 379 millions de dollars en 2015
Avec Jeune Afrique.