L’annonce à la surprise générale de Rio Tinto de son retrait de l’exploitation des mines de Simandou, continue de susciter des réactions.
“Je n’ai encore pas parcouru en détails les déclarations de Rio Tinto concernant son retrait de Simandou. Mais cela me paraît un peu difficile à comprendre”, a déclaré à Afriqueconnection, le député Kalémodou Yansané, deuxième vice-président de la commission des mines au Parlement guinéen.
L’élu du peuple justifie son incompréhension par cette thèse: “une entreprise de la taille de Rio Tinto investit près de 3 milliards 200 millions de dollars dans un projet, et après avoir été pendant 15 ans dans ce pays, un bon matin, elle se réveille sans la contrainte de personne dire que je renonce à ce projet, cela me paraît difficile à comprendre”.
“Je ne sais pas si c’est Chinalco, -un des actionnaires avec la Guinée et la SFI-, mais Chinaco est le principal actionnaire. Est-ce que Chinalco n’est pas en train de demander peut-être à Rio Tinto de se retirer et de reprendre le projet? Je ne sais pas les raisons fondées qui amèneraient Rio Tinto à dire bon je renonce”, affirme-t-il.
Pour lui, si les raisons du retrait de Rio Tionto s’expliquent par la baisse du prix du minerai de fer sur le marché international, “Rio Tinto peut dire je mets le projet en veilleuse jusqu’à ce que les conditions soient favorables sur le marché de fer comme ils nous ont dit auparavant. Deux mois après, la même entreprise vient nous dire qu’elle sort du projet. Ce n’est pas clair”.
À la question de savoir ce que cela aura pour conséquences pour l’économie ou les mines en Guinée, M. Yansané répond: “cela n’a pas de conséquences particulières sur l’économie ou les mines de la Guinée. On aura qu’un minerai sous la main. De ma part, c’est un peu la faute de la Guinée. Parce que lorsque le président Alpha Condé est venu au pouvoir en 2010, la première décision qu’il prend c’est de réviser le code minier de 1995 et le nouveau code minier qu’il a présenté exige un projet aux promoteurs miniers de donner gratuitement 35% d’actions à la Guinée. Aucune entreprise sérieuse ne peut accepter cela. Il y a des conditions qui ne sont pas acceptables. On a été obligé de reprendre le code en 2011. On l’a révisé deux fois pour faire la dernière mouture. Tout cela nous a fait perdre du temps. Deuxièmement il a demandé à ce que la Guinée soit propriétaire du port, du chemin des fers, des infrastructures qui coûtent très chers. C’est un projet de 20 milliards de dollars. Donc, les gens ont dit si vous voulez être le propriétaire des infrastructures, il faut que vous payiez le prix. Il faut que vous payiez 51% des actions. A l’époque, je ne connais pas une banque ou une institution quelconque qui pouvait prêter deux milliards de dollars à la Guinée.. On a traîné pendant ce temps alors que le prix du fer était au beau fixe, l’entreprise était engagée. Lula Da Silva était venu faire la pause de la première pierre des travaux du chemin de fer avec VALE. Tout cela a été arrêté brutalement. On a perdu cinq ans pour rien. Et finalement, les cours ont baissé et Rio Tinto pendant ce temps a ouvert une autre mine plus intéressante en Australie. Voilà ce qui s’est passé”.
avec Afriqueconnection