1. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis analyste en informatique de formation et titulaire d’un MBA de l’école des Ponts Business School de Paris. Je totalise plus de trente années d’expérience en Commerce et Logistique. J’ai occupé des positions majeures dans divers marchés avant de rejoindre le Groupe LafargeHolcim en juillet 2011 en tant que Directeur Supply Chain ciment en Iraq. J’ai ensuite occupé la position de Directeur commercial et logistique toujours en Iraq. J’ai poursuivi ma carrière au niveau de la région Moyen-Orient en tant de Directeur Logistique Afrique et Moyen-Orient avec la responsabilité de définir les orientations et les standards pour accompagner les pays de la région dans l’atteinte des objectifs logistiques, avant d’occuper le poste de Directeur Commercial et Supply chain de la Jordanie pendant trois années.
J’ai été nommé Directeur Général de LafargeHolcim Côte d’Ivoire en juin 2021.
2. Vous dirigez LafargeHolcim Côte d’ivoire depuis maintenant 3 ans, pouvez-vous nous présenter brièvement ses activités et la spécificité de son approche sur le marché ivoirien ?
Filiale du Groupe Holcim, référence de l’industrie en matière de Recherche et Développement durable, LafargeHolcim Côte d’Ivoire figure parmi les pionniers de l’industrie du ciment en Côte d’Ivoire ; elle opère depuis 1952.
Notre marque Ciment Bélier a contribué au développement du pays, et a été utilisée pour la construction d’infrastructures et de bâtiments majeurs à travers le pays, et l’est toujours.
« Avec une capacité de production annuelle de 2 millions de tonnes par an, LafargeHolcim Côte d’Ivoire assure la distribution du Ciment Bélier en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest africaine. L’année 2024 marque la célébration de nos 72 années de présence sur le marché ivoirien. »
On peut dire sans se tromper que nous avons un parcours globalement satisfaisant, tant au niveau de l’évolution de notre chiffre d’affaires et profitabilité que de nos équipements industriels sur lesquels nous avons énormément investi ces dernières années.
Nous avons installé en 2017 un nouveau broyeur à ciment, augmentant ainsi notre capacité de production de 1,5 Mt à 2 Mt par an. De plus, nous avons mis en service un silo à clinker d’une capacité de 70 000 tonnes depuis 2021, permettant ainsi le transport du clinker, l’une des matières principales dans la fabrication du ciment, directement du port vers notre silo par des systèmes d’élévateurs et de bandes.
« Nous sommes la seule cimenterie en Côte d’Ivoire qui produit 6 ciments différents dont un au laitier, plébiscité pour son faible impact carbone et sa résistance aux environnements agressifs. »
Nous sommes également le seul producteur de ciment blanc de toute l’Afrique de l’ouest. Dans un contexte marché où les produits de sous-qualité prolifèrent, entrainant de multiples risques pour les utilisateurs, nous sommes fiers d’avoir traversé les années en maintenant la confiance de nos clients par la stabilité et la qualité de nos produits. Tout cela n’aurait pas été possible sans de merveilleux collaborateurs qui contribuent tous les jours à toutes ces réalisations .
Nous avons également ajouté des matières premières locales dans le processus de production, créant ainsi plus de valeur localement, et de nouveaux emplois. Et nous avons encore de belles perspectives d’avenir.
3. Votre activité nécessite certaines exigences, Quelle est la place que vous réservez à la qualité ? Quelles sont les dispositions prises par LafargeHolcim Côte d’Ivoire pour satisfaire ses clients ?
Depuis la réception des matières premières et tout au long de la chaîne de fabrication, de nombreux contrôles réalisés dans le cadre de l’application de la norme ciment, sont effectués sur l’ensemble de nos produits. La qualité est un axe majeur de la politique de développement de l’entreprise. La Qualité de service et la qualité d’usage de nos produits font partie intégrante de notre recherche de l’excellence. Et Parce que la qualité est la valeur première du ciment Bélier, nous avons développé tout un service chargé de s’assurer que nos clients sont satisfaits de nos produits.
Nous suivons avec attention plusieurs indicateurs clés qui nous permettent de mesurer le degré de satisfaction de nos clients, et de répondre avec rapidité et efficacité à leurs besoins.
Récemment, nous avons procédé au lancement officiel de notre tout nouveau programme d’Excellence Client dénommé « Le Client d’abord » auprès de l’ensemble de nos employés.
A travers ce programme, nous confirmons notre statut d’entreprise engagée à offrir une véritable expérience d’achat à ses clients. Nous travaillons à renforcer chez chaque employé la notion de culture client, et à élever davantage nos standards en termes de qualité de service.
4. Le secteur du ciment est souvent qualifié de polluant. Est-ce que les objectifs de la transition énergétique et l’évolution vers la neutralité carbone impactent votre activité ?
Ces objectifs sont parfaitement en ligne avec la stratégie du Groupe Holcim auquel nous appartenons. Le Groupe Holcim est un acteur particulièrement actif dans le domaine de la durabilité, et plus spécifiquement de l’environnement.
« Le Groupe a ainsi initié un projet d’envergure intitulé « Net Zéro » pour réduire notre impact carbone dans toutes nos opérations. Cette démarche est également celle de LafargeHolcim Côte d’Ivoire. »
Dans notre processus de décarbonisation, nous sommes en train de faire évoluer notre gamme de produits, en substituant le clinker par l’utilisation de plus de matières premières locales et moins polluantes réduisant ainsi la quantité du clinker de l’ensemble de nos produits. Le clinker est la ressource dont l’indice carbone la plus élevée est dans la composition du ciment.
En plus de ce travail sur le mix produit, nous avons entamé un vrai plan d’élimination de poussière de nos opérations. C’est ainsi que nous avons terminé en 2020 la mise en place d’un dispositif de déchargement par bande transporteuse du clinker, ce qui a drastiquement limité les émissions de poussières liées à la manutention du clinker. Ce dispositif de 16 milliards de Franc FCFA, en plus de permettre un déchargement des navires avec une réduction considérable d’émission de poussière permet aussi la décongestion des routes de la zone portuaire.
Nous sommes donc très sensibles aux questions environnementales et en tant qu’entreprise citoyenne, nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités compétentes afin de nous assurer que nous opérons nos activités en conformité avec la réglementation locale.
Nous nous soumettons régulièrement aux contrôles des organismes compétents en la matière tels que l’ANDE, le CIAPOL, ou la CNPS. Nous coopérons de manière franche et transparente avec toutes les parties prenantes, et sommes disponibles pour œuvrer à la préservation de l’environnement.
5. Vous avez été élu Président de l’Association des Producteurs de Ciment de Côte d’Ivoire (APCCI), quelles sont vos ambitions pour cette institution et pour les cimentiers ?
Aujourd’hui, la résilience de nos cimenteries repose pour beaucoup sur les acquis du travail collectif abattu au sein de l’APCCI qui fonde son action et sa crédibilité sur la qualité du ciment mis à la disposition des consommateurs et sur le dialogue permanent avec les Pouvoirs Publics pour améliorer les conditions d’opérations.
Avec le nouveau bureau, nous nous félicitons de la collaboration dynamique et fructueuse établie avec les Pouvoirs Publics, les Partenaires Privés et autres Organisations du Secteur Privé. Nous nous inscrivons résolument dans la consolidation des liens déjà établis et des avancées majeures réalisées. Nous entendons poursuivre le travail de veille et de concertation entamé sur les préoccupations fortes et urgentes des entreprises membres de l’APCCI et les défis de notre secteur d’activité pour une industrie nationale du ciment forte et compétitive au service de la collectivité.
Assurément, de nouvelles perspectives s’ouvriront à n’en point douter pour notre secteur industriel avec la relance annoncée des programmes de logements sociaux et la mise en œuvre de nouvelles applications du ciment telles que les routes en béton, économiques et durables, promues auprès des autorités compétentes depuis quelques années.
C’est l’occasion pour moi de préciser que les cimentiers ont désormais une seule association qui les représente et qui va défendre leurs intérêts jusqu’au bout.
6- Quels sont les challenges auxquels votre industrie doit faire face et quelles sont vos attentes vis-à-vis des partenaires publics ?
Notre industrie est à un tournant décisif de son histoire ; nos indicateurs de compétitivité restent préoccupants, et la pérennité de nos unités de production et des emplois peut être compromise.
Les crises internationales successives, couplées aux contraintes structurelles de notre environnement économique imposent à nos entreprises de se réinventer sans cesse pour survivre dans un secteur particulièrement sensible et concurrentiel.
Les difficultés récentes en fourniture d’énergie électrique ainsi que les coûts engendrés par les longs temps d’attente avant le déchargement de nos navires au niveau du port sont venus complexifier davantage la situation, et nous espérons un retour rapide à une situation normale.