Après avoir été la conseillère diplomatique d’Ibrahim Boubacar Keïta, Kamissa Camara prend les rênes des Affaires étrangères. A la tête de la diplomatie malienne, Ibrahim Boubacar Keïta a déniché une perle pour faire briller la jeunesse et la femme maliennes. A 35 ans, cette économiste chevronnée prête son visage au renouvellement de générations qu’IBK ne cesse de promettre aux Maliens. Sur ses épaules, la lourde tâche de piloter la diplomatie malienne. Mais cette «tête bien faite» n’a pas jamais eu peur des défis. Portrait.
Depuis sa nomination ce dimanche 9 septembre 2018, son bureau est à deux pas de celui du président Ibrahim Boubacar Keïta. C’est à Koulouba, au cœur de la machine d’Etat dont elle a arpenté les couloirs en tant que discrète conseillère diplomatique que Kamissa Camara devra imprimer sa marque.
Un talent qui éclot aux Etats-Unis
Et pourtant, elle n’a pas attendu d’entrer au Palais de la Colline pour prendre la lumière. Son visage de trentenaire, les Maliens et le monde le découvrent du temps où elle écumait les plateaux des grandes chaînes internationales. Aussi bien à l’aise en français qu’en anglais -en bambara aussi, signale son entourage- elle était alors la responsable Afrique de l’Ouest et du Centre pour la Fondation nationale pour la démocratie (NED, acronyme anglais), un organisme du Congrès américain dédié au renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance. C’est justement aux Etats-Unis que son talent va éclore et que sa carrière prend l’ascenseur.
C’est après un diplôme en diplomatie et en économie internationale que cette Grenobloise, aînée d’une famille d’immigrés arrivés en France dans les années 1970, s’envole pour les Etats-Unis qu’elle connaît pour y avoir été «fille au pair»et y avoir effectué des stages pendant son cursus. Kamissa Camara a pourtant atterri aux Etats-Unis par le plus grand des hasards grâce à la loterie de la green card. «Un ami avait joué à la loterie pour moi, à mon insu. Un jour, il m’appelle et me dit que j’avais ma carte. J’étais en stage de fin d’études à la Banque africaine de développement à Tunis. Ce jour-là, j’ai su que ma vie allait enfin commencer», confie -t-elle à nos confrères du journal Le Point. Nous sommes alors en 2007 et cela démarre en trombe.
Cheffe de la diplomatie avec un état civil sur trois continents
Avec son arrivée aux Etats-Unis, son CV connaît de rapides rebonds de propulsion à Washington, la ville de tous les possibles en termes de carrière. Pendant quatre ans, elle se forme aux subtilités de processus électoraux au sein de la Fondation internationale pour les systèmes électoraux (IFES). Elle rejoint ensuite NED en 2012 avant de rejoindre plus tard Global Partners. Mais son militantisme la rattrape. Elle crée alors la Sahel Strategy Forum, destinée aux questions démocratiques dans la région.
C’est depuis Washington où elle vit depuis 2007 que cette tri-nationale Franco-américano-malienne, un état civil sur trois continents, est appelée en juillet 2018 pour conseiller Ibrahim Boubacar Keïta sur les questions diplomatiques. Elle effeuille alors son carnet d’adresses pour établir les connexions entre le gouvernement et la société civile d’où elle est issue. Patiemment dans les couloirs du Château, elle apporte discrètement sa vision sur les grandes questions du Mali à l’étranger.
A l’heure de former un gouvernement post-présidentielle, Kamissa Camara a prêté son visage et son talent pour le renouvellement de générations que promet Ibrahim Boubacar Keïta. Placer une femme de dossiers aux Affaires étrangères, plébiscitée pour sa compétence et sa jeunesse par-dessus tout, a sans doute été la formule qui a permis au président de dénicher une perle pour la placer à la tête de la diplomatie malienne. Ce dimanche 9 septembre 2018, lorsque la liste du gouvernement est dévoilée, son nom ne surprend presque personne.
Consécration ultime, Tiéman Hubert Coulibaly, un membre du premier cercle d’IBK, lui cède sa place au ministère des Affaires étrangères. La carrière de Kamissa Camara en prend un sérieux coup d’accélérateur. Celle qui erre dans les couloirs du Palais de Koulouba songe-t-elle seulement à s’arrêter en si bon chemin ?