Le nigérian Akinwumi Adesina, 55 ans, a été élu président de la Banque africaine de développement à Abidjan, le 28 mai, lors des assemblées générales de l’institution qui ont coïncidé avec son cinquantenaire. Akinwumi Adesina, qui hérite d’une institution financière aux fondements solides grâce au remarquable travail de son prédécesseur Donald Kaberuka, prendra ses nouvelles fonctions le 1er septembre prochain.
L’élection d’Akinwumi Adesina marque un tournant dans l’histoire de la Banque Africaine de Développement. En effet, depuis des années, les Etats membres refusaient d’avoir à la tête de la banque un candidat du Nigéria, première puissance économique du continent, notamment lors des élections de 1995 et 2005. Avec cette élection, deux questions s’imposent.
Qui est Akinwumi Adesina ?
Titulaire d’un doctorat en économie agricole obtenu en 1988 à l’Université de Purdue aux Etats-Unis, Akinwumi Adesina, bilingue anglais français, a une expérience multiple et diversifiée. Il a travaillé dans 15 pays sur des projets de développement financier, la croissance économique et les politiques publiques pour le compte de l’Union africaine, la Banque Mondiale, la BAD, le Nepad, les Nations unies, le PNUD, ainsi que pour le Forum économique mondial.
Par ailleurs, Il est, depuis 4 ans, ministre de l’agriculture et du développement rural de son pays où il fait figure de réformateur. En effet, il a contribué à transformer le secteur agricole qui représente près de 30% du PIB du Nigéria et génère 70% des emplois.
Comment, le Nigéria, par l’élection d’Akinwumi Adesina, a-t’il su s’imposer ?
Afin de ne pas donner trop de pouvoir au Nigéria, pendant longtemps, les Etats membres de la BAD se sont montrés réticents à l’idée qu’un candidat issu de la première puissance économique du continent ne dirige l’institution qui a une vocation panafricaine. Mais cette année, le Nigéria a eu le vent en poupe et les toutes les résistances et réticences ont cédées permettant ainsi à Akinwumi Adesina d’être élu avec 58% des voix au 6ème tour.
Cette grande victoire du Nigéria est le résultat de quatre facteurs importants :
Le premier facteur est l’alternance pacifique. Lors des dernières élections présidentielles, le président sortant Goodluck Jonathan a admis sa défaite face à Muhammadu Buhari. Le deuxième facteur est une économie prospère ; avec 521 milliards de dollars de PIB, le Nigéria représente à lui seul, d’une part, plus de 25% du PIB global de l’Afrique estimé à 1 900 milliards de dollars et d’autre part, 80% du PIB de la Cedeao, zone qui regroupe 15 pays de l’Afrique de l’ouest. Le troisième facteur est le soutien de la ministre des Finances du Nigéria, Ngozi Okonjolwela, diplôme de l’Université d’Harvard et ex-numéro deux de la Banque mondiale, qui a usé de toute son influence pour convaincre les Etats membres. Enfin le dernier facteur et non des moindres, Akinwumi Adesina lui-même qui grâce à son siège de président de la BAD permettra à son pays de conforter sa place de première puissance économique du continent.
L’élection du candidat du Nigeria, première puissance économique du continent, brise une règle non écrite qui voulait que la BAD soit dirigée par des pays de petite ou moyenne taille.
Il n’aurait jamais pu être élu avec un tel score sans le soutien de petits pays. Cela a été une élection rapide, claire et définitive et j’espère qu’il va utiliser ce résultat pour être un grand président, a affirmé à l’AFP le gouverneur britannique de la BAD, Grant Shapps. Adesina prendra ses fonctions à la tête de la BAD le 1er septembre prochain.
AFP