Une première session “A Deep Dive into AI” a été tenue mardi le 13 novembre 2018 dans le cadre des rencontres “6to8 talks”
Des robots intelligents, des voitures autonomes, des drones-livreurs, des chatbots… l’intelligence artificielle (IA) fascine.
Progressant d’une façon spectaculaire ces derniers temps, cette technologie, développée dans les années 50 par Alan Turing, bouleverse nos manières de vivre et fait désormais partie de notre quotidien.
Comment se préparer donc aux bouleversements que l’intelligence artificielle va entraîner? Où en est la Tunisie dans ce monde futuriste? Quels sont les enjeux à relever?
Son objectif est d’aider les jeunes curieux à découvrir et aller en profondeur dans le monde de l’IA, savoir saisir les opportunités notamment professionnelles et relever les défis de l’IA.
Comme à l’accoutumé, dans une ambiance cosy entre “créateurs d’innovation” et jeunes geeks tunisiens, la session qui a été animée par Khaled Ghedira, docteur en IA, président de l’Association Tunisienne d’Intelligence Artificielle et recteur de l’Université Centrale, et Marwen Dhemayed, co-fondateur de Attila, Head of Data Science Practice, a rencontré un franc succès.
Nombreux sont ceux qui se sont venus assister à cet échange passionnant. Plusieurs questions ont été d’ailleurs soulevées.
La Tunisie et l’intelligence artificielle?
Selon le docteur en IA, Khaled Ghedira, la Tunisie pourrait être un vrai vivier de compétences pour la technologie et l’intelligence artificielle. “Nous avons beaucoup de laboratoires de recherches qui travaillent dans ce domaine,” confie-t-il au HuffPost Tunisie.
De nombreuses facultés et écoles d’ingénieurs ont décidé d’endiguer la tendance en offrant des cours axés sur l’initiation à l’intelligence artificielle, a-t-il révélé.
A ses yeux, la Tunisie a tous les atouts humains pour investir davantage sur cet outil révolutionnaire.
D’ailleurs, il a évoqué le potentiel énorme que le pays peut offrir notamment en secteur agricole, l’épine dorsale de l’économie tunisienne. Il a souligné la nécessité d’approfondir les recherches appliquées dans les domaines prioritaires du pays tels que la finance, le tourisme et la santé.
Pour lui, se concentrer sur l’intelligence artificielle pourrait être un excellent tremplin pour rivaliser avec les vedettes de la technologie.
L’expert en intelligence artificielle a, toutefois, mis en exergue la nécessite de créer et d’agir sur cette nouvelle tendance au lieu de la subir. “Il ne faut pas rester comme étant des simples consommateurs,” précise-t-il en ajoutant « nous devons être capables de produire des algorithmes de l’intelligence artificielle et fabriquer des robots ».
Pour s’aligner avec les pays à la pointe de la technologie, la Tunisie devra mettre les bouchées doubles et miser sur l’intelligence artificielle.
“Nous avons avons tout ce qu’il faut comme capacité humaine, mais ce qui manque actuellement c’est la volonté politique,” regrette-t-il.
Comment la Tunisie pourrait rattraper le coup?
“Il faut une volonté politique pour booster la recherche appliquée en IA,” réplique le président de l’Association Tunisienne d’Intelligence Artificielle. Encourager les jeunes à s’orienter vers ces domaines futuristes et promouvoir les recherches pourraient, d’après lui, permettre à la Tunisie de rattraper son retard.
″Les pays développés consacrent entre 2 et 3% de leur PIB dans la recherche, alors qu’en Tunisie, ce taux est de 0,62%,” lance-t-il.
Pourtant, l’Intelligence artificielle pourrait bien doper l’économie nationale et créer un nouveau pouvoir économique. “Nous pouvons vendre de l’intelligence artificielle,” note-il.
Lancer un think tank pour réfléchir sur le potentiel de l’intelligence artificielle pourrait également être une solution pour que la Tunisie emboite le pas et essaie de trouver sa niche en ce domaine.
D’autre part, Ghedira a proposé la mise en place d’un centre national d’intelligence artificielle, rattaché au premier ministère. Une solution qui selon lui pourrait élaborer des études et des recherches sur les moyens relatifs aux TIC.
Les robots voleurs de boulot?
Pas vraiment. Selon le docteur en IA de nouveaux emplois verront le jour tels que le “data scientist” ou le “web evangelist.”
D’après lui, les avancées en la matière affecteront certes la quantité et la qualité des emplois disponibles mais pourraient avoir un impact plus profond sur la façon de travailler. Des métiers disparaissent et d’autres se créent. “C’est la destruction créatrice”, martèle-t-il.
En effet, depuis des décennies, avec le fleurissement du digital et du robotique, certains ont manifesté une crainte de perdre en masse les postes d’emploi et voir la machine remplacer l’humain, mais ce n’est qu’une paranoïa infondée. “Nous entendons parler des robots qui doivent remplacer les ouvriers pour des tâches manuelles dans l’industrie. La nouveauté, c’est qu’il va se passer exactement la même chose, mais pour les tâches intellectuelles,” note-t-il.
En réalité, le défi, selon lui, est moins celui de la disparition des emplois mais plutôt de la transformation du travail.
Il est à noter que la deuxième session AI se tiendra le mardi 27 novembre 2018 à Orange Developer Center.
Avec huffpost