Parmi les princes et autres nababs interpellés dans la nuit du 4 au 5 novembre dernier, certains sont particulièrement connus sur le continent pour leurs activités économiques et leurs réseaux d’influence. Portraits.
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Al Walid Ibn Talal (1)
À 62 ans, l’homme d’affaires détient une fortune de 16 milliards de dollars (selon Forbes, à la mi-novembre) et des participations dans le monde entier à travers son groupe Kingdom Holding Company. En Afrique, celui qui entretient des relations proches avec son cousin le « Prince rouge » Moulay Hicham, lui-même cousin du roi Mohammed VI, est connu pour ses activités touristiques (Four Seasons), bancaires (actionnaire de la Citibank) et dans les placements financiers. En 2004, il fonde une société de private equity pour investir sur le continent. Zephyr Africa Management parvient à lever plus de 600 millions de dollars mais ferme finalement à cause de « difficultés de management ». Le prince a surtout investi en Égypte, où il y possède environ 40 hôtels et villages de vacances et en fait construire 18 autres. En août, il a lancé un projet de 800 millions de dollars, portant notamment sur l’élargissement de son hôtel Four Seasons. Ibn Talal possède aussi une fondation, Alwaleed Philanthropies, qui s’était associée au projet jamais concrétisé de l’ex-ministre français Jean-Louis Borloo pour l’électrification de l’Afrique.
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Mohamed Hussein Al-Amoudi (2)
L’homme d’affaires saoudo-éthiopien est un tycoon en Éthiopie. Hôtellerie, mines, industrie, agriculture, aucun secteur ne lui échappe. Son patrimoine, estimé par Forbes à 10,3 milliards de dollars, fait de lui un des industriels les plus riches de la planète. Mais il traîne aussi des casseroles. Au Maroc, il a été blacklisté par les autorités en raison de sa responsabilité présumée dans la faillite de la raffinerie nationale, la Samir, qu’il avait achetée à l’État pour une bouchée de pain en 1997. Propriétaire du groupe suédo-saoudien Corral Petroleum Holding, principal actionnaire de la Samir, El Amoudi a laissé une ardoise estimée entre 3,1 milliards et 3,9 milliards d’euros, ainsi que plusieurs centaines de salariés et de sous-traitants sur le carreau. En 2016, la Samir a été mise en liquidation judiciaire.
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Cheikh Salah Abdallah Kamel (3)
Assis sur une fortune de 2,1 milliards de dollars, il dirige un de conglomérats les plus puissants du royaume, Dallah Al-Baraka, actif dans de nombreux secteurs comme la distribution, le tourisme, l’immobilier, l’agroalimentaire, sans oublier la finance islamique. Al Baraka Islamic Bank – une banque à capitaux saoudiens et bahreïnis – a débarqué sur le continent en 1983, en Tunisie, où la maison mère est également associée à un vaste projet d’assainissement et d’aménagement du lac de Tunis. Al Baraka Islamic Bank a ensuite ouvert des filiales au Soudan, en Afrique du Sud et en Algérie et un bureau de représentation en Libye. Et en 2017, elle a noué un partenariat au Maroc avec BMCE Bank of Africa pour créer une banque islamique. Dans les années 2000, Dallah Al-Baraka avait déjà acquis le palais des Roses à Agadir, qui a longtemps été confronté à des problèmes de gestion.
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Bakr Ben Laden (4)
Le fondateur du tristement célèbre Saudi Binladin Group – responsable de la chute de la grue qui a causé la mort de plus de 100 pèlerins à La Mecque en 2015 – est connu en Afrique sous sa casquette BTP. L’entreprise a construit les aéroports du Caire et de Charm el-Cheikh. En 2007, Bakr Ben Laden – demi-frère d’Oussama – s’est retiré du chantier de construction de l’aéroport Blaise-Diagne, à Dakar, à la suite d’un contentieux financier avec l’État sénégalais, ainsi que de la Société africaine de raffinage (SAR), dont il était l’actionnaire majoritaire. Au Maroc, Tarek Ben Laden, frère du fondateur du groupe, voulait construire une tour géante à Casablanca. Mais les autorités ont vite démenti le projet. En revanche, la création d’une ville nouvelle dans la banlieue de la métropole, en partenariat avec un groupe immobilier local, semble avancer. En septembre, lors de la conférence organisée par le Tchad à Paris pour mobiliser des investisseurs internationaux autour de ses projets de développement, Saudi Binladin Group s’est engagé à avancer 3 milliards de dollars et le rachat d’une partie de la dette intérieure du pays. Tiendra-t‑il sa promesse ? À suivre.
Avec jeuneafrique