A eux seuls, ils pourraient permettre au Nigéria d’éradiquer définitivement l’extrême pauvreté. Pour parvenir à cette priorité nationale, Aliko Dangote, Mike Adenuga, Femi Otedola, Folorunsho Alakija et Abdul Samad Rabiu, les cinq personnalités les plus riches de la première puissance d’Afrique, doivent combiner leur fortune pour la mettre à disposition de leurs compatriotes les plus pauvres. Leur fibre philanthropique ira-t-elle jusqu’à faire don de leur fortune au nom de la solidarité nationale ? C’est une question à un million de dollars.
Près de 30 milliards de dollars ! C’est ce que l’on atteindrait en faisant l’addition de la fortune personnelle des 5 personnalités les mieux nanties du Nigéria, selon Oxfam International. L’ONG britannique publie un rapport assez critique sur l’inégale répartition des richesses dans la première puissance économique du continent.
42 ans à l’abri du besoin, à raison de 1 million de dollars dépensés par jour
Chiffres à l’appui, l’ONG britannique rappelle que 112 millions de Nigérians vivent dans la pauvreté parmi lesquels 5 millions de personnes souffrent de faim, pour un pays qui compte 180 millions d’habitants. Un constat qui a sans doute poussé l’Etat nigérian à lancer, en février dernier le premier revenu minimum à destination des plus pauvres, sans s’attaquer aux causes profondes.
La pauvreté au Nigéria est d’abord est la conséquence d’une mauvaise gestion des richesses du pays par l’Etat, pointe Oxfam dans son rapport. Elle est ensuite le résultat d’une lutte peu efficace contre la corruption.
En moins de 50 ans, entre 1960 et 2005, près de 20.000 milliards de dollars ont été subtilisés aux caisses de l’Etat. Pour donner un ordre de grandeur, l’argent évaporé représente 2 milliards de dollars de plus que le PIB des Etats-Unis en 2002 (18.000 milliards de dollars).
Les disparités dans la répartition de la fortune du pays sont criantes. Pour montrer cet écart, Aliko Dangote, l’homme le plus riche du Nigéria et d’Afrique, mettrait 42 ans pour épuiser sa fortune, évaluée par le magazine Forbes à 14,4 milliards de dollars, s’il venait à dépenser 1 million de dollars par jour. L’écart est d’autant plus colossal que ce que gagne Aliko Dangote en un an est largement suffisant pour sortir 2 millions de Nigérians de la pauvreté en un an.
Et ce n’est pas tout. La fortune combinée des 5 personnalités les plus riches du Nigéria pourrait permettre au pays d’éloigner définitivement, le spectre de l’extrême pauvreté. A eux seuls, ils représentent les cinq « rois mages» qui pourraient sauver le pays de misère.
La fortune cumulée du club des milliardaires pour sortir le pays de la pauvreté
Aux premières loges de ces personnalités, l’imposant Aliko Dangote. Son empire industriel, qui va du ciment au sucre en passant par l’agriculture et les banques, le propulse à la tête des plus grosses fortunes d’Afrique avec une richesse évaluée à 14,4 milliards de dollars.
Il faut y ajouter un autre homme d’affaires, Mike Adenuga. A 64 ans, ce milliardaire qui a fait fortune dans les télécoms, la banque et la production pétrolière, non sans faire face à des accusations de blanchiment d’argent, est à la tête d’une fortune de 9,9 milliards de dollars, ce qui en fait le deuxième homme le plus riche du Nigéria.
Loin derrière dans le club des milliardaires nigérians les plus en vue, le jeune magnat du pétrole Femi Otedola. A 54 ans, il cumule une fortune de 1,8 milliard de dollars, mais subit les contrecoups de la chute des cours mondiaux de l’or noir.
Avec une fortune de 1,5 milliard de dollars, Folorunsho Alakija est une femme d’affaires qui s’impose dans la cour des milliardaires dominée par les hommes. A la tête de la Famfa Oil, la milliardaire de 65 ans est citée parmi les femmes les plus riches d’Afrique.
Pour fermer le club, Abdul Samad Rabiu, avec ses 56 ans, administre une fortune de 1,1 milliard de dollars amassés dans l’industrie, les infrastructures et l’agriculture.
Même s’ils détiennent des fondations défendant des causes ou participent au financement d’activités philanthropiques, Oxfam estime que si on additionnait la fortune de ces cinq milliardaires, on obtiendrait près de 30 milliards de dollars. Suffisant selon l’ONG britannique pour sortir le pays de l’extrême pauvreté.
Une question à un milliard mérite d’être posée : leur fibre philanthropique irait-elle jusqu’à faire don de leur fortune personnelle au nom de la solidarité nationale ? La question est d’autant plus complexe qu’en donnant leur fortune, les milliardaires pourraient prendre la place de ceux qu’ils auraient aidé à sortir de la pauvreté. Sont-ils prêts à cette dégringolade ? Rien n’est moins sûr.
Avec latribune