Face à la menace provenant des autres pays du Golfe, les autorités qataries pourraient acheter du matériel militaire russe, estime une source diplomatique citée jeudi par le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Le projet d’acquérir des armes russes — notamment des systèmes antiaériens S-400 — avait été évoqué en janvier dernier par l’ambassadeur qatari en Russie, ce qui avait provoqué une vive inquiétude à Riyad et, visiblement, à Abou Dabi, écrit Nezavissimaïa gazeta. Le roi saoudien Salmane ben Abdelaziz Al Saoud avait même envoyé une lettre aux autorités françaises pour souligner le danger que représentait l’achat des systèmes russes par le Qatar et les avertir de la possibilité d’un scénario militaire en cas de déploiement des S-400 sur son territoire. Pour rappel, les voisins du Qatar ont fermé il y a un an leurs frontières terrestres avec ce pays.
Dans tous les cas, cet éventuel contrat sur les systèmes antiaériens russes n’est pas la seule initiative qatarie susceptible de préoccuper les rivaux régionaux de Doha. Ainsi, le ministre de la Défense de l’émirat Khaled ben Mohammed al-Attiyaha a annoncé à la revue Al Talaya les projets de rejoindre à long terme l’Alliance atlantique: «Tout d’abord, il existe déjà une coopération réelle entre le Qatar et l’Otan, qui se développe progressivement et pourrait se solder par le déploiement d’une unité ou d’un centre spécialisé de l’Alliance au Qatar. Qui plus est, nous envisageons le statut de membre à part entière en cas de développement du partenariat avec l’Otan».
Le bon état des relations entre le Qatar et l’Otan est confirmé par l’ampleur de la coopération militaire et technique entre Doha et les capitales européennes. «L’Europe est depuis longtemps la source principale de livraisons d’armes vers le Qatar, estime David Roberts, maître de conférences au King’s College de Londres. La France est son fournisseur majeur depuis des décennies». Selon lui, les propos du ministre qatari de la Défense sur la volonté de rejoindre l’Alliance atlantique sont une tentative d’assurer la sécurité du pays. Quant aux raisons qui ont poussé les autorités militaires qataries à faire des déclarations si retentissantes, il répond: «Est-il vraiment surprenant qu’un petit pays bloqué par trois voisins (l’Arabie saoudite, les EAU et le Bahreïn, ndlr) et existe donc dans une région profondément hostile, recherche le plus de mécanismes extérieurs possibles pour garantir sa sécurité?»
En renforçant ses liens dans le domaine de la coopération militaire et technique avec les principaux acteurs internationaux, le Qatar tente évidemment d’augmenter son capital politique et d’obtenir des gages de sécurité. Dans tous les cas, la probabilité d’opérations militaires de l’Arabie saoudite ou des EAU contre le Qatar est minimale.
Avec sputnik