Les renseignements américains estiment que la propagation de fausses nouvelles en provenance de Russie a semé la zizanie entre les pays du Golfe. Moscou dément toute implication.
ake news”, le retour. Après le coup de tonnerre diplomatique de la rupture des relations, lundi, d’une demi-douzaine de pays du Golfe avec le Qatar, les autorités qataries avaient affirmé avoir été victimes d’une attaque aux fausses nouvelles : fin mai, des hackers auraient en effet publié sur le site internet de l’agence de presse QNA de faux propos attribués à l’émir cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, mettant le feu aux poudres.
Dans ces fausses citations, le cheikh disait considérer l’Iran comme un allié stratégique et critiquait ouvertement le comportement de l’administration Trump à l’égard du Qatar, pourtant un proche allié des Etats-Unis. Une véritable provocation, eu égard du consensus diplomatique des pays du Golfe, qui pourrait expliquer que l’Arabie saoudite et cinq de ses alliés, dont l’Egypte, accusent désormais le Qatar de soutenir le “terrorisme”. Cette brutale rupture a entraîné une suspension de vols aériens, la fermeture des frontières terrestres et maritimes, ainsi que des interdictions de survol aux compagnies qataries et des restrictions aux déplacements des personnes.
Séisme diplomatique : pourquoi les pays du Golfe rompent avec le Qatar ?
Depuis lors, des enquêteurs du FBI ont été envoyés à Doha pour déterminer l’origine de ce piratage et une porte-parole de l’ambassade du Qatar à Washington a indiqué que les conclusions de l’enquête seraient bientôt dévoilées. Selon la chaîne CNN, qui cite mardi soir comme sources des enquêteurs américains, les indices pointeraient vers des hackers russes.
Il n’est pas encore formellement établi si ces pirates sont directement liés aux renseignements russes ou à des organisations criminelles, nuance CNN. Mais, déclare un responsable cité par la chaîne câblée, “peu de choses surviennent dans ce pays [la Russie, NDLR] sans la bénédiction du gouvernement.”
Le Kremlin rejette les accusations
Selon ces enquêteurs, le but de Moscou aurait été de provoquer des divisions entre les Etats-Unis et leurs alliés. Néanmoins, le président américain Donald Trump a lui-même apporté mardi son soutien explicite à l’isolement du Qatar par ses voisins, suggérant que le petit Etat du Golfe, qui abrite l’une des plus grandes bases militaires américaines de la région, finançait effectivement des groupes extrémistes.
Le milliardaire s’attribue même une large part de ce virage diplomatique, en avançant que sa visite officielle en Arabie saoudite au mois de mai “a déjà commencé à payer”.
Déjà accusé ces derniers mois par les renseignements américains d’avoir voulu interférer dans les élections de plusieurs pays occidentaux, le Kremlin a formellement rejeté les accusations relayées par CNN. “Nous sommes lassés de réagir à des banalités qui ne sont étayées par aucune preuve. Ce genre d’accusations discrédite de fait ceux qui les lancent”, déclare ce mercredi Andreï Kroutskikh, le conseiller de Vladimir Poutine pour la cybersécurité, cité par l’agence Interfax.
“Malheureusement, ils (les Américains) n’inventent rien de nouveau et c’est pourquoi, quoi qu’il arrive, ils parlent de hackers. C’est toujours la même rengaine, il y a, comme à chaque fois, zéro preuve et les conclusions sont tirées avant même que l’enquête soit menée”, ajoute Andreï Kroutskikh.
Avec tempsreel