La compagnie aérienne Qatar Airways a renoncé à entrer dans le capital d’American Airlines, l’investissement ne répondant officiellement plus à ses objectifs.
Un mois et demi après avoir créé la surprise en annonçant sa volonté de s’emparer de jusqu’à 10% du capital de sa partenaire dans l’alliance Oneworld, la compagnie nationale qatarie jette l’éponge : selon un communiqué du 2 aout 2017, « après examen des possibilités d’investissement et après avoir pris en compte les derniers résultats financiers publiés par American Airlines », Qatar Airways est arrivé à la conclusion que « l’investissement ne répond plus aux objectifs initialement définis ». La compagnie basée à l’aéroport de Dallas-Fort Worth vient en effet d’annoncer un recul de 15,5% de son bénéfice net, en raison de la hausse des coûts en carburant et des salaires. Qatar Airways souligne qu’elle continuera à chercher « des opportunités d’investissement qui répondent à ses objectifs aux Etats-Unis et dans d’autres pays », mais aussi à « investir dans le secteur de l’aviation mondiale » afin de maintenir l’offre aux passagers des « meilleurs services ».
C’est American Airlines qui avait dévoilé le projet de Qatar Airways le 22 juin dans une note aux autorités boursières de New York (la SEC), soulignant que l’investissement évalué à 808 millions de dollars « que se propose de réaliser Qatar Airways n’a pas été sollicité par American Airlines, et ne changera en rien la composition, la gouvernance, la direction ou l’orientation stratégique du Conseil d’administration de la Société ». La compagnie qatarie voulait acheter les actions sur le marché ouvert au Nasdaq, pensant monter jusqu’à 10% du capital à plus long terme (ce qui en aurait fait l’un des plus importants actionnaires d’AA, même si elle promettait d’être passive) ; sa rivale rétorquait que ses statuts interdisent à tout investisseur d’acquérir 4,75% ou plus de son capital disponible sans l’accord préalable du Conseil d’administration. Et que les lois américaines interdisent aux investisseurs étrangers de détenir plus de 24,9% des droits de vote d’une compagnie des États-Unis.
Si Qatar Airways et American Airlines sont partenaires d’alliance, elles sont aussi ennemies dans le conflit opposant les compagnies américaines à celles du Golfe. AA précisait d’ailleurs que cet investissement non sollicité « ne modifie pas la conviction d’American Airlines qu’il est nécessaire de faire respecter les accords de Ciel ouvert avec les Émirats Arabes Unis et le Qatar, en assurant une concurrence loyale avec les transporteurs du Golfe y compris Qatar Airways. American Airlines continue de croire que le président des États-Unis et son administration agiront auprès des gouvernements étrangers pour qu’ils mettent fin aux subventions massives à des transporteurs qui menacent l’industrie américaine du transport aérien et les emplois américains ». Et le 12 juillet, elle mettait fin à son accord de partage de codes avec Qatar Airways (et à celui avec Etihad Airways), les accusant une fois de plus de toucher des subventions illégales ; ces séparations prendront effet en mars prochain.
Qatar Airways est déjà actionnaire du groupe IAG (British Airways, Iberia, Aer Lingus, Vueling) à hauteur de 20%, et du LATAM Airlines Group en Amérique latine (10%), sans oublier l’acquisition en cours de 49% du capital de Meridiana.
Avec airjournal