Sarkozy, Le Maire, Fillon et Juppé présenteront leur point de vue respectif sur la fiscalité, le droit du travail et les dépenses publiques durant la 18e université d’été du Medef.
● La fiscalité
S’il est un point sur lequel les quatre principaux candidats à la primaire de la droite sont d’accord, c’est bien la suppression de l’ISF, impôt jugé inefficace car les vraies grandes fortunes y échappent et néfaste car il fait fuir les entrepreneurs. Juppé, Sarkozy, Le Maire et Fillon sont également d’accord pour alléger la pression fiscale sur les ménages et les entreprises, dénonçant le «matraquage fiscal» du quinquennat Hollande, mais divergent sur la méthode et le rythme à adopter.
En matière fiscale, Nicolas Sarkozy est le plus radical et le plus pressé. L’ex-chef de l’État propose notamment un contre-choc fiscal aux Français en réduisant dès 2017 l’impôt sur le revenu de 10 %, et aux entreprises en doublant le CICE pour le porter à 34 milliards d’euros. En revanche, Alain Juppé envisage, lui, de commencer en diminuant progressivement la pression fiscale des seules entreprises. Quant à François Fillon, il propose de mettre en œuvre la TVA sociale – qu’il n’avait pas réussi à imposer en 2007 après sa nomination à Matignon – en augmentant de 3,5 points le taux normal de TVA contre une baisse massive des cotisations des entreprises.
Enfin, Bruno Le Maire n’est pas en reste. Le député de l’Eure propose de transformer immédiatement le CICE en baisse de charges et de porter les allégements au-delà de 2,5 smics pour permettre aussi à l’industrie, qui paye bien ses employés, de rester compétitive. L’ex-bras droit de Dominique de Villepin promet encore d’inscrire le principe de stabilité fiscale dans la Constitution
● Le droit du travail
Les quatre candidats en tête des sondages pour la primaire de la droite veulent tous assouplir le droit du travail, sortir des 35 heures, laisser les entreprises choisir par accord leur durée du travail, rendre les allocations-chômage dégressives ou relever l’âge de départ à la retraite. Là encore, ils divergent sur les modalités. Alain Juppé, Bruno Le Maire et François Fillon proposent de porter l’âge de la retraite de 62 à 65 ans d’ici à 2022, tandis que Nicolas Sarkozy table sur 63 ans à horizon 2020 et 64 ans en 2025. «65 ans soulèvera tellement d’opposition que le président qui voudra le mettre en place négociera en contrepartie un calendrier de mise en œuvre lointain», justifie l’ex-chef de l’État. Concernant les 35 heures, François Fillon est le plus libéral: il veut laisser les entreprises négocier la durée du travail dans la limite des 48 heures fixée par le droit européen. Nicolas Sarkozy envisage aussi des accords négociés dans l’entreprise mais, toujours partisan du «travailler plus pour gagner plus», il précise que ce sera «35 heures payées 35, 36 payées 36 ou 37 payées 37» et que les heures supplémentaires seront à nouveau défiscalisées. Une différence assumée avec Alain Juppé qui veut porter la durée du travail à 39 heures (sauf dans les entreprises qui négocieraient moins) et envisage un mécanisme fiscal pour compenser la perte de majoration des heures sup. Quant à Bruno Le Maire, il milite pour la création d’un e-contrat simplifié pour les start-up accessible sur Internet et le renouvellement sans limite d’un CDD à droits progressifs avec le temps
● Les dépenses publiques
S’ils veulent pouvoir réformer la France et baisser les impôts, tous les candidats à la primaire de la droite savent qu’ils devront commencer par réduire la dépense publique, condition sine qua non pour dégager la moindre marge de manœuvre et priorités des priorités pour le monde patronal. Nicolas Sarkozy fixe, comme Bruno Le Maire, à 100 milliards l’objectif d’économies tandis qu’Alain Juppé table sur 85 à 100 milliards et que François Fillon affiche un objectif de 110 milliards. Au-delà du montant, les méthodes diffèrent aussi… «Ne nous mentons pas, il faut d’abord réduire la dépense publique avant de réduire les impôts», indique François Fillon. L’ex-premier ministre veut respecter les engagements européens de la France et tenir le déficit sous la barre des 3 % du PIB. «L’erreur majeure de politique économique serait de tailler dans les dépenses en oubliant la croissance», estimeBruno Le Maire qui refuse d’infliger «du sang et des larmes» aux Français. Tous s’accordent en revanche à réformer la fonction publique. L’ex-chef de l’État compte supprimer 300.000 postes sur cinq ans, en rétablissant le principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et en l’étendant aux trois fonctions publiques. Un chiffre moins ambitieux que celui de François Fillon (600.000) et surtout de Bruno Le Maire, qui veut mettre fin au statut de la fonction publique territoriale et supprimer un million de postes en dix ans. Si Nicolas Sarkozy veut revenir sur le statut à vie des fonctionnaires et créer un contrat de cinq ans renouvelable, sauf pour les policiers et les enseignants, Alain Juppésouhaite faciliter l’embauche de contractuels dans des conditions similaires au droit privé.