Oussama Ammar, co-fondateur de l’incubateur The Family, est un vrai «papa poule» des start-up. Il le confirme: la crise est un moment propice pour se lancer. A condition, toutefois, que votre idée de départ puisse s’adapter à d’éventuels retournements de conjoncture. Entretien.
Management : Est-il judicieux de vouloir lancer un nouveau business en période de crise?
Oussama Ammar : Oui, empiriquement et historiquement, cela se révèle être l’un des meilleurs moments. Dans les années 2000, par exemple, l’explosion de la bulle Internet a, d’une certaine façon, lancé Google. Avec la chute des start-up, beaucoup d’ingénieurs se sont retrouvés sans travail, et Google a pu recruter de la main-d’œuvre compétente, pour des salaires moyens. Cela a été une vraie chance pour Larry Page et son moteur de recherche. Mais si on peut profiter de la crise pour se lancer, il ne faut pas monter un business en se positionnant par rapport à ce seul contexte économique. Car une entreprise ne sera viable que si son modèle démontre sa capacité à s’adapter et à survivre dans des conjonctures différentes.
Managament : Vous dites souvent que, pour créer une entreprise, il vaut mieux avoir un problème qu’une idée…
Oussama Ammar : Evidemment! Des idées, j’en ai 50 par jour. Pour autant, je ne lance pas une start-up chaque fois. Ce que j’appelle «problème» sous-entend une notion de douleur, de frustration. Le modèle de BlaBlaCar, par exemple, répond au problème du prix du billet de train, qui constitue un vrai casse-tête pour certains consommateurs. Chercher à résoudre ce problème représente par conséquent un bon point de départ. Ensuite, non seulement il faut trouver comment on le résout, mais, surtout, comment on le résout mieux que les autres. Et, là, il n’y a pas de recette. Même lever beaucoup d’argent ne suffit pas.
Management : Justement, une fois que le problème a été identifié, comment en fait-on un vrai business?
Oussama Ammar : Il faut donner à vos clients des occasions répétées d’utiliser votre produit ou votre service. Si, par exemple, vous cherchez à savoir pourquoi les gens utilisent Airbnb, vous vous rendez compte que ses créateurs ont développé une vraie communauté, attachée intimement à la marque. L’utilisation du service dépasse aujourd’hui le simple échange monétaire. Pour être viable, une entreprise doit donc observer ce que j’appelle le «répit de business», ce moment pendant lequel elle analyse ce que les gens lui commandent, pour quoi ils le font et, surtout, combien de fois ils le font: une seule ou plusieurs? La récurrence et la répétition sont le signe des business sains.
Management : Quels conseils donneriez-vous à des créateurs qui lancent une activité?
Oussama Ammar : L’un des principaux travers des entrepreneurs, c’est qu’ils veulent avoir trois coups d’avance. Or ce n’est pas toujours utile. Un créateur doit se donner le temps de voir ce que donne son activité et de stabiliser son entreprise avant de réfléchir aux étapes suivantes. Tant que la firme n’est pas mature, c’est même contre-productif de trop anticiper. On risque alors de brûler des étapes.
Management : A quoi reconnaît-on un entrepreneur?
Oussama Ammar : A sa capacité à réaliser des choses qui semblaient impossibles au départ et cela malgré des ressources limitées. Lorsqu’un manager possède A, il veut atteindre B. L’entre preneur, lui, n’a pas A, mais il veut faire mieux que B. Autrement dit, il ne dispose pas toujours des moyens pour lancer son activité et doit faire preuve d’audace et de créativité.
BIO EXPRESS de Oussama Ammar, co-fondateur de l’incubateur The Family
1998 : A 12 ans, il crée Sekalok, une plateforme Web de vente d’antiquités.
2006 : Fonde une société de conseil en financement et en gestion basée à Hong Kong.
2010 : Vit en Californie et investit dans 21 start-up, dont Loca-lMotion et Startup Genome.
2013 : Cofonde TheFamily.
Comment rejoindre TheFamily
Avec déjà 200 start-up sous son aile, TheFamily est devenue, depuis sa création il y a deux ans par Oussama Ammar, Nicolas Colin et Alice Zagury, une star parmi les incubateurs. Pour l’intégrer, envoyez un e-mail à welcome @thefamily.co, avec un pitch décrivant votre projet. Attention, TheFamily aime les entreprises qui résolvent un problème réel, concernant un large public. En échange de 3% du capital, elle vous guide dans votre développement en vous mettant en relation avec des investisseurs comme Partech International, Idinvest Partners, XAnge, Elaia Partners et Index Ventures.
(Avec capital)