Les lauréats du Prix de l’inventeur européen 2017 sont connus. Un Français a été primé ainsi que son équipe pour le travail réalisé sur Galiléo, tandis qu’un Marocain remporte le Prix du public pour ses travaux sur la stimulation des antibiotiques avec des huiles essentielles.
LAURÉATS. Quelles inventions européennes ont le plus marqué leur temps ? C’est à cette question qu’a dû répondre l’Office européen des brevets (OEB), qui vient de distinguer inventeurs pour leur contribution d’exception dans des domaines aussi divers que les diagnostics médicaux, la navigation par satellite, la gestion des marées noires, la vaccination, mais aussi… la stimulation des antibiotiques à l’aide d’huiles essentielles. Organisé chaque année depuis maintenant douze ans, l’édition 2017 s’est tenue à Venise. Ce prix récompense des inventeurs venant d’Europe et du monde entier. Autant d’innovations brevetées « qui ont non seulement contribué au progrès technologique […] mais ont eu aussi un impact majeur sur le plan économique et social », a déclaré Benoît Battistelli, Président de l’OEB. Panorama.
Un test sanguin informatisé pour détecter le paludisme
L’hématologue néerlandais Jan van den Boogaart et le biochimiste autrichien Oliver Hayden ont été primés dans la catégorie « industrie ». Ils ont en effet développé le premier test sanguin automatisé afin de dépister le paludisme (ou malaria), qui coûte la vie à plus de 600 000 personnes par an. Leur procédé ne consiste pas à détecter la présence de pathogènes de la malaria dans le sang via un microscope, mais à analyser une combinaison de 30 paramètres sanguins du patient, ce qui est plus rapide. Grâce à un algorithme, l’analyse de cette « empreinte digitale » de la personne permet d’identifier la malaria avec une grande précision.
Rendre le système de navigation satellitaire Galileo plus précis
Laurent Lestarquit, José Ángel Ávila Rodríguez, Günter W. Hein, Jean-Luc Issler et Lionel Ries (respectivement Français, Espagnol, Allemand, et Belge) font partir de cette équipe, récompensée pour les technologies de guidage utilisées pour perfectionner le satellite européen Galileo. De quoi lui permettre d’atteindre une précision record, de l’ordre du centimètre ! Le travail de l’équipe a aussi rendu le système européen interopérable avec les autres grands systèmes de navigation (le GPS américain et le GLONASS russe). Déjà en service depuis fin 2016, Galileo sera entièrement opérationnel d’ici 2020.
La tomographie en cohérence optique pour une imagerie médicale des tissus mous
Chaque année, un prix est décerné à des chercheurs situés en dehors de l’UE. Il récompense cette année James Fujimoto, Eric Swanson et Robert Huber, respectivement ingénieurs et physicien au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Ces derniers ont créé la la tomographie en cohérence optique (OCT – ou TCO), qui permet aux médecins d’obtenir une image précise des tissus mous et des vaisseaux sanguins de leurs patients sans intervention chirurgicale ou biopsie. Une technique aujourd’hui devenue un standard en ophtalmologie pour diagnostiquer à un stade précoce – et donc encore soignable – certaines maladies graves de l’œil. L’utilisation de l’OCT s’est aussi étendue à d’autres domaines, comme les examens cardiovasculaires, dermatologiques et gastro-intestinaux.
Une super-éponge pour absorber le pétrole dans les océans
Les marées noires et les déversements de produits chimiques sont à l’origine de catastrophes sanitaires et environnementales majeures. La donne pourrait bien changer grâce à la nouvelle cire micronisée développée par Günter Hufschmid et son équipe de l’entreprise Deurex, qui remportent le prix de la catégorie PME. Commercialisée sous le nom de « Pure », cette cire est capable d’adsorber jusqu’à 7 fois son poids en liquide hydrophobe (le pétrole est en effet hydrophobe : il ne se dissout pas dans l’eau, il flotte.). Elle a déjà été utilisée avec succès pour décontaminer des zones hautement polluées dans le delta du Niger et nettoyer des déversements de fioul domestique en Allemagne.
Stimuler l’action des antibiotiques grâce aux huiles essentielles
C’est le prix du public, largement plébiscité avec plus de 119.000 votes en ligne ! Le biologiste marocain Adnane Remmal a développé une nouvelle approche face aux bactéries multi-résistantes : les huiles essentielles ! Certaines plantes permettraient d’améliorer l’efficacité des antibiotiques classiques, sans susciter de nouvelles résistantes bactériennes, selon ses travaux.
Œuvre d’une vie : la vaccination génomique
Enfin, le microbiologiste italien Rino Rappuoli est distingué dans la catégorie Œuvre d’une vie pour avoir été à l’origine de vaccins dits « conjugés » qui, au début des années 1990, ont été particulièrement efficaces contre la diphtérie, la méningite bactérienne ou encore la coqueluche. Il est également père de la « vaccinologie inverse », qui permet de protéger contre une pathologie donnée sans devoir manipuler des micro-organismes infectieux, en se basant sur la génomique et en passant par l’injection de brins d’ADN ou d’ARN.
GENRE. À noter toutefois, l’absence de femme parmi les lauréats 2017. Est-ce à croire qu’il existe moins de chercheuses talentueuses que de chercheurs … ou qu’elles déposent moins de brevets que leurs consorts ? En 2016 déjà, une seule femme avait été récompensée : Helen Lee, de l’université de Cambridge, pour son kit de diagnostic médical à faible coût permettant de dépister VIH, hépatite B et chamydia.
Avec sciencesetavenir