Quand le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine s’est officiellement présenté à l’élection présidentielle russe, il s’est avéré que ce dernier possédait 13 comptes dans une banque suisse dont il avait oublié de mentionner l’existence à la Commission électorale centrale (CEC).
L’information provient d’Alexandre Kinev, membre de la CEC, et avait été transmise au service fédéral du fisc de la part des autorités compétentes suisses le 31 décembre 2017. Le candidat s’est enregistré le 12 janvier. A présent c’est à la CEC, qui se réunira le 7 mars, de décider du sort du candidat communiste qui a qualifié cette information «d’intox». Selon le site d’information Gazeta.ru.
La loi fédérale 79-FZ du 7 mai 2013 interdit clairement la possession de comptes étrangers et d’outils financier non seulement à certaines catégories de fonctionnaires publics et municipaux, aux collaborateurs de compagnies publiques, ainsi qu’aux députés de tout niveau et aux candidats à ces postes: cela concerne évidemment le président et les candidats à la présidence.
Tout cela est également interdit aux conjoints des fonctionnaires et des députés, tout comme l’enregistrement de comptes au nom d’enfants mineurs.
Mais la loi russe est ce qu’elle est, et l’histoire des comptes étrangers de Pavel Groudinine pourrait devenir le plus grand scandale de cette présidentielle russe.
Il était d’abord question de deux comptes découverts après la présentation du candidat — mais avant son enregistrement officiel — dans une filiale autrichienne de la Liechtensteinische Landesbank (Vienne). La première réaction du candidat a été de dire qu’il les avait «oubliés», puis il a été dit qu’ils avaient été ouverts pour payer les soins de proches. Près de 600 titres de valeur se trouvaient sur ces comptes, d’après les informations rapportées à la CEC. Ensuite, début janvier, il s’est avéré qu’il n’y avait pas deux mais cinq comptes en Autriche. Le candidat les a qualifiés de “transitaires”. D’après le fisc, il faut déclarer les comptes bancaires courants, mais selon la loi de 2013 tous les autres comptes restent des «outils financiers» interdits.
Le 9 janvier, Pavel Groudinine a déposé une nouvelle déclaration à la CEC indiquant qu’il avait fermé des comptes dans cette banque étrangère pour près de 14,4 millions de roubles (près de 206.000 euros) et s’était débarrassé des titres de valeur pour un montant nominal total de presque 7,5 milliards de roubles (environ 107 millions d’euros).
Le 12 janvier, Pavel Groudinine a été officiellement enregistré en tant que candidat, sachant que la CEC partait du fait que ses cinq comptes autrichiens étaient clos. Mais aujourd’hui plus de dix comptes suisses refont surface, notamment un compte métallique en or également considéré comme un «outil financier».
Qu’arriverait-il si, d’ici le 7 mars, le candidat Pavel Groudinine ne présentait pas une attestation salvatrice de la banque suisse sur la fermeture de tous ses comptes? Si la CEC ou la Cour suprême ne retiraient pas Pavel Groudinine, cette même Cour suprême pourrait être saisie par l’un des candidats à la présidentielle contre le candidat communiste. Cette plainte doit être déposée au moins 8 jours avant le vote, c’est-à-dire le 10 mars. Et la Cour suprême devra prendre une décision de retirer le candidat au moins 5 jours avant le vote, c’est-à-dire le 13 mars.